Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
La création de l'univers à nos jours
8 avril 2022

an 1958 à 2021 Histoire de France de la 5ème République 1958 à 2021

 

1958

- Cinquième République

- 28 septembre : adoption de la nouvelle constitution par référendum

- 21 décembre 1958 : Charles de Gaulle est élu président

1961

- le 12 avril : Youri Gagarine est le premier homme à avoir effectué un vol dans l'espace au cours de la mission Vostok 1

- le 13 août : construction du mur de Berlin

1965

- 19 décembre : réélection de Charles de Gaulle à la présidence de la République française

1967

- 1er octobre : première retransmission en couleurs à la télévision

1968

Mouvements de contestations étudiants et sociaux en France

1969

- Élection de Georges Pompidou à la présidence française

- 21 juillet : Le premier homme marche sur la lune

Neil Armstrong, le premier homme sur la Lune

1973

- Premier "choc pétrolier"

1974

- 19 mai : Élection de Valéry Giscard d'Estaing à la présidence française

 

Valéry Giscard d'Estaing

1975

- Mise en place de l'Interruption Volontaire de Grossesse (IVG) en France.

1979

- Second "choc pétrolier"

1979 - 1989

Guerre en Afghanistan

1981

- 10 mai : Élection de François Mitterrand à la présidence française

 

François Mitterrand

- 9 octobre : promulgation de la loi abolissant la peine de mort en France

1982

- 24 février : Naissance d'Amandine, premier bébé éprouvette

1986

- 26 avril : accident nucléaire de Tchernobyl (URSS)

1988

- 8 mai : Second mandat de François Mitterrand à la présidence française

1989

- 9 novembre : Chute du mur de Berlin

- Renversement de la dictature du président Nicolae Ceauşescu dans le cadre d'une révolution en Roumanie

1991

- Implosion de l'URSS, fin de la Guerre Froide

1994

- Élection de Nelson Mandela à la présidence de la République d'Afrique du Sud

1995

- 7 mai : Élection de Jacques Chirac à la présidence française

 

Jacques Chirac

2001

- 11 septembre : Attentat terroriste contre les tours du World Trade Center à New York

2002

- 5 Mai : Second mandat de Jacques Chirac à la présidence française

- Mise en place de l'euro (€), monnaie européenne

2005

- 10 avril : Mise en ligne du site "L'école du Dirlo"

2007

- 6 mai : Élection de Nicolas Sarkozy à la présidence française

 

Nicolas Sarkozy

2009

- 20 janvier : Barack Obama entre en fonction en qualité de 44ème président des États-Unis

 

Barack Obama

2012

- 6 mai : Élection de François Hollande à la présidence française

 

François Hollande

2013

- 9 septembre : création de la charte de laïcité à l'école

 

 

- 5 décembre : Mort de Nelson Mandela à 95 ans

 

Nelson Mandela

2014

...

2015

...

2017

- 7 mai : Élection d' Emmanuel Macron à la présidence française

 

Emmanuel Macron

 

Présidence d'Emmanuel Macron

La présidence d'Emmanuel Macron commence officiellement le 14 mai 2017 lors de la passation des pouvoirs avec son prédécesseur François Hollande. Il est élu président de la République française le 7 mai 2017 sous la bannière de son mouvement En marcheNote 1 pour un mandat de cinq ans, dont l'échéance est fixée au 13 mai 2022. Il choisit comme Premier ministre Édouard Philippe, puis Jean Castex le 3 juillet 2020.

 

Présidence d'Emmanuel Macron

 

Président de la République française

 

 

Description de cette image, également commentée ci-après

 

 

Type
Type Président de la République française
Résidence officielle Palais de l'ÉlyséeParis

 

Élection
Système électoral Scrutin uninominal majoritaire à deux tours
Mode de scrutin Suffrage universel direct
Élection 7 mai 2017
Début du mandat 14 mai 2017
Mandat en cours 3 ans, 9 mois et 4 jours
Durée 5 ans

 

Présidence
Nom Emmanuel Macron
Date de naissance 21 décembre 1977 (43 ans)
Appartenance politique La République en marche

 

Représentation
Membres 577 députés

 

Description de cette image, également commentée ci-après

 

Composition de la législature depuis juin 2017.

 

 

Gouvernements
Philippe I Philippe II
Castex

 

Économique et social

 

Emmanuel Macron entame son mandat dans une période où plusieurs grands instituts économiques (FMI, OFCE, CEPII) observent une amélioration, modérée, de la situation économique mondiale. Le Fonds monétaire international (FMI) estime ainsi que la croissance mondiale, de 3,1 % en 2016, devrait progresser à 3,4 % en 2017 puis 3,6 % en 2018. L'un des moteurs de cette croissance est la reprise des importations chinoises, en forte baisse en 2015 et 20161.

 

Par ailleurs, si les spécialistes de Capital estiment que la situation économique intérieure est également plutôt positive, d'autres, dont Nicola Brandt, économiste à l'OCDE, pointent le fort taux de chômage laissé par son prédécesseur et le problème de manque de flexibilité du marché du travail français1.

 

Selon les économistes de la revue Capital, les entreprises françaises se portent nettement mieux en 2017 qu'à la fin de la présidence de Nicolas Sarkozy. Elles ont pleinement bénéficié des mesures des gouvernements de Manuel Valls : le crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE) et le pacte de responsabilité et de solidarité. En 2016, les baisses de charges cumulées représentent environ 40 milliards d'euros. En parallèle, elles ont profité en 2015 et en 2016 de la baisse des prix du pétrole, de l'euro et des taux d'intérêt. Ainsi, leur compétitivité vis-à-vis de leurs principaux partenaires s'améliore ; leurs marges également, passant de 29 % en 2013 à 32 % en 2017. Depuis 2016, le secteur marchand a recommencé à créer de l'emploi et l'ensemble des analystes prévoient une poursuite de cette tendance au moins sur l'année 20181.

 

L'attractivité de la France vis-à-vis des investisseurs internationaux s'est également largement améliorée, présentant en 2016 une hausse des implantations ou des extensions d'entreprises étrangères jamais vue depuis des années. Le nombre d'opérations a augmenté en 2016 de 30 % par rapport à 2015, pour un total de 779 qui correspondent à une création nette de 17 000 emplois. Marc Lhermitte, analyste de EY explique dans une étude de son cabinet que la France rattrape son retard vis-à-vis de l'Allemagne et de l'Angleterre, notamment grâce à l'amélioration de la compétitivité, à la baisse des charges et à une meilleure perception des investisseurs. Il explique aussi que le point fort français est le niveau d'innovation, dopé par le Crédit impôt recherche2. Cette étude expose que les investisseurs estiment que la France est intéressante dans trois domaines économiques : l'économie numérique, l'énergie, la santé. Enfin, « le baromètre d'EY indique que les dirigeants étrangers interrogés sont 58 % à considérer que « la politique mise en œuvre pour encourager la création de start-up est efficace (+14 points par rapport à 2016). »3 »

 

Le moral des ménages, malgré les attentats, est au plus haut depuis 10 ans. La croissance de la France, de 1,1 % en 2016, devrait se rapprocher de celles des pays comparables en 20171.

 

L'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) estime en 2017 qu'à politique économique inchangée, la croissance de la France devrait s'établir à 1,6 % de moyenne durant les cinq ans de la présidence d'Emmanuel Macron, et que cela permettrait de faire baisser le chômage à 7,8 % en 20221.

 

Les déficits publics, qui à la fin de la présidence de Nicolas Sarkozy étaient à un niveau de 4,8 % du PIB, ont été ramenés en 2016 à 3,4 %. Le niveau de la dette à la fin de 2016 est de 2 200 milliards d'euros, soit 96 % du PIB. Or les taux d'intérêt étant en train de remonter, Emmanuel Macron devra gérer une éventuelle lourde augmentation du poids de la dette sur les comptes publics1. La dette publique de la France a dépassé 100 % du PIB à la fin de septembre 2019, selon l’Insee4.

 

À l’étranger

 

Au niveau européen

 

Durant son mandat, Emmanuel Macron devra gérer le retrait du Royaume-Uni de l'Union européenne et notamment trouver des compromis pour les entreprises françaises ayant des intérêts au Royaume-Uni1.

 

Il devra également se positionner sur la poursuite et l'éventuelle amplification des sanctions économiques contre la Russie — présidée par Vladimir Poutine — ayant été établies à la suite de la crise de Crimée1.

 

Pro-européen, en faveur d'une Union européenne réformée et renforcée, il devra également se positionner sur la crise de la dette publique grecque et l'éventuelle victoire de partis eurosceptiques dans d'autres pays européens. D'un point de vue financier, l'Italie représente un risque important, la plupart des banques italiennes étant très fragiles1.

 

Au niveau mondial

 

Emmanuel Macron accède au pouvoir alors que l'Armée française est engagée dans plusieurs actions militaires, notamment dans le Sahel avec l'opération Barkhane, et dans la guerre menée en Irak et en Syrie par la coalition arabo-occidentale contre l'État islamique1. Il devra également gérer l'escalade diplomatique entre les États-Unis et la Corée du Nord.

 

D'un point de vue financier, de nombreux facteurs rendent incertaine la stabilité économique mondiale, notamment la volonté du président des États-UnisDonald Trump, de rétablir des protections douanières dans son pays, ce qui aurait d'importantes conséquences sur le commerce mondial1. Les autres aléas les plus notables sont une normalisation brutale des politiques monétaires expansionnistes de la Réserve fédérale des États-Unis et de la Banque centrale européenne, pouvant mener à un krach boursier, une trop forte appréciation du dollar, une dérégulation financière menée par Donald Trump ou les énormes déséquilibres financiers chinois1.

 

Le 19 septembre 2017, lors de son premier discours à l'ONU, Emmanuel Macron défend une vision multilatéraliste des relations internationales5. Dans un discours devant 70 chefs d’État et de gouvernement à l'occasion du Centenaire de l'armistice de 1918, il réaffirme cette vision, alors même que de plus en plus de dirigeants s'en éloignent6.

 

Élection et prise de fonctions

 

Élection

 

 

Alors qu'il est encore ministre de l'Économie au sein du deuxième gouvernement Valls, Emmanuel Macron lance en avril 2016 son mouvement politique, En marche, qui se veut « de gauche et de droite »7,8. Fin août, il démissionne de ses fonctions pour se porter candidat à l'élection présidentielle le 16 novembre9.

 

Au départ donné troisième par les sondages derrière Marine Le Pen et François Fillon, il dépasse ce dernier à partir de janvier 2017 en raison des affaires judiciaires visant le candidat du parti Les Républicains10. Le 23 avril 2017, il est qualifié pour le second tour (avec 24,01 % des voix) face à Marine Le Pen (21,30 %), laquelle se trouve juste devant François Fillon (20,01 %) et Jean-Luc Mélenchon (19,58 %)11.

 

Largement favori des sondages pour le second tour10, et ayant reçu le soutien de Benoît Hamon et François Fillon au soir du premier tour12, il remporte l'élection le 7 mai 2017 avec 66,1 % des suffrages11. Le 10 mai 2017, le Conseil constitutionnel proclame officiellement son élection13.

 

Après-présidentielle

 

Le lendemain de son élection, le secrétaire général d'En marche !, Richard Ferrand, annonce que son mouvement politique deviendra le parti La République en marche à l'occasion d'un congrès devant se tenir avant le 15 juillet 201714. Lors de ce même conseil d'administration, Emmanuel Macron démissionne de ses fonctions de président du mouvement, l'intérim étant assuré par Catherine Barbaroux14.

 

Le même jour, Emmanuel Macron est invité en tant que président élu par le président François Hollande aux commémorations du 8 mai 194515.

 

Prise de fonction

 

 

La passation des pouvoirs a lieu le dimanche 14 mai 2017, le président sortant François Hollande accueillant le président élu Emmanuel Macron à 10 h sur le perron du palais de l'Élysée16. C'est la première fois sous la Ve République qu'elle intervient un week-end17. Légalement, elle ne pouvait intervenir qu'entre le mercredi 10 mai 2017 à 17 h 30, heure d'annonce des résultats officiels de l'élection présidentielle par le Conseil constitutionnel, et le dimanche 14 mai à minuit, date d'expiration du mandat de François Hollande.

 

Dès le jour de son investiture, Emmanuel Macron nomme certains membres de son cabinet18. Le dimanche 14 mai, il transmet une liste d'une trentaine de « ministrables » à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique afin de vérifier leur patrimoine, leur état fiscal et leurs conflits d’intérêts19. Le lundi 15 mai, il nomme Édouard Philippe, député-maire LR du Havre, Premier ministre et le charge de former un nouveau gouvernement20. Pour son premier déplacement international en tant que président de la République, le 15 mai 2017, il se rend à Berlin afin d'y rencontrer la chancelière Angela Merkel21.

 

Sécurité

 

 

Parmi les premiers projets de loi prévus par le gouvernement, Le Monde révèle, le 7 juin 2017, qu'Emmanuel Macron et Édouard Philippe entendent inscrire de nombreuses mesures de l'état d'urgence dans le droit commun74. Le texte suscite de vives inquiétudes parmi les juristes et les associations défendant les libertés publiques74.

 

En réaction au mouvement des Gilets jaunes, l'exécutif modifie la doctrine de maintien de l'ordre avec l'usage intensif des LBD (ici une douille de LBD).

 

La loi renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme accorde des pouvoirs étendus aux autorités de l'État, et est largement critiqué (comme le note Fraser Mc Queen de l'université de Stirling) car il permet des violations des droits de l'homme125. Ce projet de loi est sévèrement critiqué par le New York Times qui estime que celui-ci « légaliserait de façon permanente l'état d'urgence décrété par François Hollande » et juge que les mesures inscrites dans ce texte « ont peu contribué à lutter contre le terrorisme, pas davantage que les lois déjà existantes, tout en menaçant réellement les droits des citoyens »126 ». Il juge « alarmant » que le pouvoir exécutif cherche à consacrer l'état d'urgence dans le droit commun pour forger « un frein permanent aux droits constitutionnels des citoyens français »126 ». Pour le juriste Dominique Rousseau, la volonté de l'exécutif d'introduire dans le droit commun les principales mesures de l'état d'exception qu'est l'état d'urgence « nous fait nous habituer à vivre sous état d'urgence « comme si de rien n’était ». Et celle, claire, de l'ancrage dans la loi de la prévalence du pouvoir administratif sur le pouvoir judiciaire, c’est-à-dire de l'ordre public sur les libertés individuelles. Or, quand on porte atteinte aux libertés, on est certain d'en limiter l'exercice mais on n’est jamais certain de garantir la sécurité. C'est pourquoi, pour tout démocrate, la liberté est la première des sécurités92 ». En août 2020, la proposition de loi conjointe du président de la commission des lois du SénatPhilippe Bas, et de la présidente de la commission des lois de l'Assemblée nationaleYaël Braun-Pivet, qui devait prononcer des mesures de restriction de liberté contre des condamnées libérées à l'issue de leur peine, est censurée par le Conseil constitutionnel109.

 

Emmanuel Macron est confronté aux attentats dans l'Aude en mars 2018 (5 morts)127 et à Strasbourg en décembre 2018 (4 morts)128, alors qu'un projet d'attentat contre lui est déjoué en novembre 2018129. Durant l'été 2020, le Parlement adopte une proposition de loi prévoyant de mesures de contrôle des détenus condamnés pour terrorisme à l'issue de leur peine de prison afin de prévenir une éventuelle récidive130.

 

Le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb défend le projet de loi immigration et asile qui restreint les conditions de l'asile en France131. En avril 2018, le député Jean-Michel Clément vote contre le projet en première lecture et quitte LREM, puis la députée LREM Aina Kuric en seconde lecture132. Cette dernière s'oppose à un amendement restreignant les conditions d'accès à la nationalité à Mayotte, mesure dénoncée par l'historien et politologue, directeur de recherche au CNRS Patrick Weil133.

 

Le 16 août 2017, Gérard Collomb, annonce la mise en place d'ici fin 2017 d'une police de sécurité du quotidien qui est défendue comme un facteur d’apaisement entre jeunes et forces de l'ordre dans les quartiers difficiles. Le ministre ne précise cependant pas les effectifs qui lui seront dévolus, ni le budget qui lui serait alloué134,135.

 

En novembre 2018, l'Assemblée nationale vote le principe d'une contravention forfaitaire payable immédiatement de 200  pour la détention d'une petite quantité de cannabis, le ministère public conservant la faculté de saisir le tribunal correctionnel où le contrevenant encourt un an de prison et 3 750 . Le nombre de consommateurs serait de 5 millions en 2017, dont 700 000 usagers quotidiens, mais l'opposition doute de son efficacité pour réduire les trafics, celle de gauche plaidant plutôt pour une légalisation contrôlée136. En juillet 2020, le gouvernement annonce pour la « rentrée 2020 » la généralisation de cette contravention137.

 

Après que la police a été débordée par les manifestations de Gilets jaunes, notamment avec le saccage de l'Arc de triomphe lors de l'« acte III » le 1er décembre 2018, le préfet de police Michel Delpuech met en place une nouvelle doctrine du maintien de l'ordre, rompant avec les gardes statiques. Avec les interpellations préventives, la mise en place d'unités motocyclistes, l'initiative des assauts, un usage intensif des LBD et des grenades de désencerclement, la police (17 blessés à Paris) assume la violence le 8 décembre avec 126 blessés, dont quatre pertes d’œil, 1 082 interpellations dont 984 gardes à vues138. Le gouvernement reprend une proposition de loi déposée à l'origine par la droite sénatoriale, dite « loi anti-casseurs », ce qui suscite des oppositions de l'aile gauche des députés LREM, 50 d'entre eux s'abstenant. Si le Conseil constitutionnel valide l'essentiel de la loi (fouilles préventives, interdiction de dissimulation du visage…), il censure l’article 3, le plus contesté, qui aurait permis aux préfets d’interdire à des individus de manifester sous peine de six mois de prison et 7 500 euros d'amende139.

 

Le 8 octobre 2019, après l'attentat de la préfecture de police de Paris, Emmanuel Macron déclare dans une allocution télévisée en hommage aux policiers tués que « les institutions seules ne suffiront pas » et que « l’administration seule et tous les services de l’État ne sauraient venir à bout de l’hydre islamiste » pour en appeler à une « société de vigilance » : « C’est la nation tout entière qui doit s’unir, se mobiliser, agir » pour « savoir repérer à l’école, au travail, dans les lieux de culte, près de chez soi les relâchements, les déviations ». Cette intention et l'accélération d'un programme de reconnaissance faciale inquiètent notamment la juriste Mireille Delmas-Marty, qui craint une nouvelle étape vers une « société de surveillance » dans le mouvement amorcé après les attentats du 11 septembre 2001140.

 

Le sociologue Marc Loriol atteste d'une augmentation du nombre d'actions policières violentes entre 2017 et 2020, notamment dans le cadre du mouvement des Gilets jaunes, qu'il impute aux conditions d’organisation du travail policier et aux orientations politiques données au maintien de l’ordre et à la gestion des manifestants141Reporterre, début avril 2020, souligne que l'instauration de couvre-feux, de contrôles policiers et l'implication de l'industrie technosécuritaire (application StopCovid) pendant la pandémie de Covid-19 traduit, en France, un contrôle accru de la population par les forces policières142. Ce point est également souligné par l'association La Quadrature du Net, en évoquant les contrôles du respect du confinement par des drones : « À l’heure de la crise sanitaire, la France bascule dans un État policier [...] Cette crise est instrumentalisée pour banaliser l’utilisation d’un outil de surveillance pourtant extrêmement attentatoire à nos libertés »143. Des citoyens français témoignent de violences lors de contrôles policiers144. Le 23 avril 2020, une femme est placée en garde à vue pour outrage après avoir affiché une banderole contenant le message « Macronavirus, à quand la fin ? »145. L'avocat Charles Consigny146, le journaliste David Dufresne147, le sociologue Emmanuel Todd148,149 et l'historien Johann Chapoutot150, et Le Média151 estiment que la France se transforme en État policier sous la présidence d'Emmanuel Macron. Interrogé sur Sud Radio le 24 avril 2019, l'avocat au barreau de Paris Guillaume Jeanson, porte-parole de l'Institut pour la justice« ne pense pas que nous en soyons arrivés à un État policier »152. L'exécutif est confronté à plusieurs cas de possibles violences policières dont la mort de Cédric Chouviat. Les mobilisations autour du cas d'Adama Traoré et George Floyd en juin 2020 conduisent le ministre de l'intérieur à abandonner la technique d'interpellation par clé d'étranglement avant d'y renoncer sous la pression des policiers153, auxquels Emmanuel Macron apporte un soutien sans réserve154. Le 29 septembre 2020, Amnesty International publie une enquête selon laquelle la France a instrumentalisé des lois contraires au droit international pour verbaliser, arrêter arbitrairement et poursuivre en justice des gens qui n’ont commis aucune violence. Depuis novembre 2018, des Gilets jaunes, manifestants contre les violences policières et journalistes ont été ciblés155.

 

En novembre 2020, une importante contestation se fait jour contre la proposition de loi sécurité globale et en particulier son article 24 qui restreindrait le droit de filmer des policiers dans le cadre de leur fonction, alors même que les images peuvent jouer un rôle de témoignage sur les conditions d'intervention156,157. Emmanuel Macron accorde un entretien au média vudéo Brut, très suivi par la jeunesse, où il reconnait le contrôle au faciès et des violences de policiers, ce qui lui vaut des critiques de deux syndicats de polciers158.

 

Immigration

 

Les universitaires Patrick Weil et Josselin Dravigny, spécialistes de l'immigration, soulignent le durcissement de la politique répressive à l'encontre des migrants à l'œuvre dès les premiers jours de la présidence d'Emmanuel Macron, en particulier à Calais : Patrick Weil estime que, « comme le Défenseur des droits Jacques Toubon l’a souligné, les récentes attaques sur les migrants à Calais s’apparentent à une remise en cause, d’une violence inédite, de la dignité des personnes »159,160. Le 12 juillet 2017, le gouvernement annonce un plan pour « garantir le droit d’asile » et « mieux maîtriser les flux migratoires », selon Le Monde « basé sur une politique sacrifiant l’accueil et augmentant la « dissuasion migratoire » ; Jacques Toubon estime qu'« il s’inscrit dans la ligne des politiques successives qui dysfonctionnent depuis trente ans »161. Condamné fin juillet par le Conseil d’État à pourvoir aux besoins sanitaires alimentaires des réfugiés, l’État installe un dispositif de mise à disposition de toilettes publiques, de citernes pour l’accès à l’eau et à des douches pour les plus vulnérables. Il fait également ouvrir un Centre d’accueil et d’évaluation des situations (CAES) à Troisvaux162.

 

En 2018, Gérard Collomb défend un projet de loi sur l'asile et l'immigration, qui suscite des tensions au sein de la majorité parlementaire163. Le gouvernement « allonge la durée de la rétention administrative jusqu'à quatre-vingt-dix jours (contre quarante-cinq auparavant), y compris pour les familles accompagnées d’enfants ; instaure le fichage des mineurs isolés, banalise les audiences de demande d’asile par visioconférence, restreint l’accès à un titre de séjour pour les parents d’enfants français, limite le droit du sol à Mayotte, etc»164.

 

Environnement

 

Après le désistement des États-Unis de l'accord de Paris sur le climat, Emmanuel Macron affirme à nouveau l'engagement de la France et décide lors du sommet du G20 de 2017 d'organiser un sommet mondial le 12 décembre 2017 afin de prendre de nouvelles résolutions en faveur du climat, notamment en matière financière165. Toutefois, l'exécutif est critiqué par les écologistes pour son soutien à l'énergie nucléaire et l'engagement en faveur de nouveaux accords de libre-échange contraires à ses propos en faveur d'une souveraineté alimentaire et climatique166.

 

La centrale nucléaire de Fessenheim doit être fermée avant la fin du quinquennat.
Une terrible erreur 

 

Emmanuel Macron est favorable à l'énergie nucléaire, qu'il qualifie à l'été 2017 de « filière d’avenir », en soutenant le projet d'EPR à Hinkley Point et en procédant à la recapitalisation d'Areva (renommé Orano)167.

 

Le ministre de la transition écologique et solidaire Nicolas Hulot présente en 2017 un projet de loi pour interdire tout nouveau permis d'exploitation des énergies fossiles et ne le non-renouvellement au-delà de 2040 de la plupart des concessions existantes76. Le Gouvernement prend toutefois des décisions controversées comme l'autorisation de la réouverture d'une raffinerie par le groupe Total à La Mède pour y produire des biocarburants à base d'huile de palme, dont la culture en Asie est un facteur majeur de déforestation168,169.

 

En juillet 2017, la France renonce à l'opposition qu'elle animait avec le Danemark et la Suède sur la définition réglementaire des perturbateurs endocriniens qui impose un niveau de preuve de la nocivité des substances tel qu'il la rend très difficile à prouver. Seul le Parlement européen peut invalider cet accord intergouvernemental que Le Monde qualifie de « renoncement170 ».

 

En juillet 2017, une semaine après les États généraux de l'alimentation, le ministre Stéphane Travert annonce la suppression pour trois ans des aides à la conversion vers l'agriculture biologique, qui progressait jusqu'ici de 15 % par an. Le secrétaire général de la FNAB dénonce « la pression de lobbies, de groupes de pression et d’intérêts économiques171 ». S'engageant en septembre 2017, sur la résorption d'ici un an des retards de paiement des aides à la conversion, le ministre veut stopper dès 2018 les concours de l’État aux « aides au maintien » des agriculteurs biologiques172. En novembre 2017, le Conseil européen prolonge pour 5 ans la licence du glyphosate, un herbicide suspecté d'être cancérogène. Emmanuel Macron assure que la France reste déterminée à en sortir en trois ans, mais refuse d'inscrire cet objectif dans la loi69. Trois ans après cette annonce, en novembre 2020, la presse relève que le président n'a pas tenu parole173. En juillet 2018, Nicolas Hulot et le Premier ministre, Édouard Philippe, présentent 90 mesures pour enrayer la disparition accélérée de la biodiversité, mais le manque de moyens associés rend sa portée limitée69. Après une réunion sur la chasse qui aboutit à une baisse du prix du permis national de chasse et à l'accroissement du nombre des espèces chassées, Nicolas Hulot démissionne fin août 201869.

 

Une étude de l’Iddri publiée en octobre 2018 montre que dans tous les secteurs clés — énergie, transports, bâtiments, agriculture —, la France s'éloigne ses objectifs des émissions de gaz à effet de serre en dépassant de 7 % de ses plafonds, avec une tendance inverse à l'objectif cible174.

 

En novembre 2018, Emmanuel Macron annonce ses objectifs de programmation pluriannuelle de l'énergie prévoyant la fermeture de 14 réacteurs nucléaires sur 58 d'ici 2035, mais du seul site de Fessenheim dans son quinquennat et prévoit de décider en 2021 la possible construction de nouveaux réacteurs EPR175. Ce scénario proche des choix d'EDF déçoit les associations écologistes, qui doutent des moyens qui seront dévolus à l'essor des énergies renouvelables et dénoncent le manque de moyens attribués à la rénovation thermique des logements176,177. Il installe également le Haut Conseil pour le Climat, instance indépendante composée d'experts, économistes, climatologues ou ingénieurs chargés d'évaluer la soutenabilité économique, sociale et environnementale des mesures prises par le gouvernement et la trajectoire de baisse des émissions de CO2178.

 

Jusqu'au mouvement des Gilets jaunes fin 2018, le Gouvernement ignore les avertissements de la CNDP sur l'acceptabilité de la hausse de la taxe carbone pénalisant pour « les plus dépendants et les plus captifs aux énergies fossiles » en l'absence de refonte de la fiscalité générale179. Sur le long terme, Mediapart s'inquiète que « donne des arguments à ceux qui, à l’extrême droite notamment, nient le réchauffement climatique et ne voient dans la lutte contre l’automobile qu’une atteinte au porte-monnaie ou à une pseudo liberté individuelle incarnée par le véhicule personnel » 180.

 

Le 14 mars 2019, des associations ayant lancé la campagne l'Affaire du siècle, soutenue par une pétition de plus de 2 millions de personnes, déposent un recours devant le tribunal administratif de Paris. Elles demandent à ce que l’État soit contraint au respect de ses engagements en termes de diminution des émissions de gaz à effet de serre en France, et que soit reconnue la notion de préjudice écologique181,182,183.

 

Le 16 mai 2019, Emmanuel Macron reçoit le célèbre cacique Raoni Metuktire au palais de l'Elysée, alors en tournée européenne avec trois autres représentants indigènes du Xingu. L’Elysée annonce que la France prévoit d'accueillir un sommet international des populations autochtones du monde entier, probablement en juin 2020184. Le président français indique à l'issue de l'entretien que la France va « soutenir le projet de Raoni » en lien avec « son engagement pour la biodiversité et la présidence du G7 »185.
En août 2019, Emmanuel Macron accueille le sommet du G7 à Biarritz et y rencontre pour la seconde fois le chef Raoni186.
Le 7 septembre 2019, le cacique Raoni, alors invité spécial à Bordeaux d'un meeting de la République en marche, rapporte son échange avec « les gens du gouvernement français » dans une interview accordée au Monde. Se disant fatigué des promesses qui n'aboutissent pas, il se plaint du retard d'un soutien financier attendu - d'1 million d'euros garanti par le président Macron en mai 2019, prévu avec un délai d'un mois - pour renforcer la démarcation de son territoire187.

 

Au cours de l’année 2019, Les Décodeurs du Monde jugent le bilan de la politique écologique et environnementale de sa présidence comme peu positif188,189. La Commission européenne considère que la France n'atteindra pas ses objectifs en matière d'énergies renouvelables, et il n'y a pas d'accélération de la rénovation des logements anciens. Des subventions élevées aux énergies fossiles subsistent. Il y a encore trop de dérogations pour l'utilisation de pesticides défavorables aux pollinisateurs et des avantages aux agrocarburants sont maintenus malgré leur impact sur la déforestation. En parallèle, de nombreuses mesures favorables aux chasseurs ont été prises. L'État investit peu dans les transports en commun ou la mobilité vélo. Néanmoins, Emmanuel Macron est perçu à l'international comme un « héraut de la lutte pour le climat » pour avoir organisé le One Planet Summit, en décembre 2017, et remporté le prix de Défenseur de la Terre, remis par l'ONU, en septembre 2018. Il échoue cependant à convaincre les États-Unis à respecter les accords de Paris sur le climat190.

 

Alors que les insecticides néonicotinoïdes ont une forte influence sur le déclin des populations d'abeilles, les producteurs de betteraves sucrières ont obtenu en 2020 une dérogation pour leur usage malgré leur interdiction en 2018191.

 

Femmes

 

 

Transports

 

Priorité est donnée à la modernisation du réseau existant sur la création de nouvelles lignes.

 

Lors de l'inauguration de la LGV Bretagne-Pays de la Loire en juillet 2017, Emmanuel Macron annonce vouloir donner la priorité aux transports du quotidien sur les grandes infrastructures194. Il entreprend fin 2017 une révision du calendrier du projet Grand Paris Express, qui est l'objet de surcoûts195. Début 2018, il est annoncé que le projet est maintenu dans son intégralité mais plusieurs lignes différées dans le temps196. Le 17 janvier 2018, le Premier ministre Édouard Philippe annonce que le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes est abandonné197.

 

Au printemps 2018, le Parlement débat d'une réforme du secteur ferroviaire prévoyant la fin progressive du statut du cheminot, faisant de la SNCF une entreprise publique et fixant les modalités de l'ouverture à la concurrence du trafic de passagers, ce qui entraîne en retour plusieurs plusieurs préavis de grève des cheminots73, qui ne parviennent pas à empêcher l'adoption de la réforme au début de l'été198. Toutefois, dans son rapport de décembre 2018, la Cour des comptes souligne que malgré la reprise annoncée de 35 milliards de dettes par l’État, la loi de programmation ferroviaire ne donnera pas à SNCF Réseau qu'il conviendrait de porter les capacités annuelles d'investissement à 3,5 milliards pour répondre aux besoins de régénération du réseau et éviter que l'endettement ne se reconstitue199,200.

 

Au nom de la sécurité routière, l'exécutif abaisse la limitation de vitesse sur les routes secondaires à double sens sans séparateur central de 90 à 80 km/h au 1er juillet 2018201, mais cette mesure imposée par le premier ministre suscite le scepticisme du ministre de l'intérieur Gérard Collomb202. Son application aurait été un des ferments du mouvement des Gilets jaunes203. Mais, moins d'un an après, la loi mobilités permet aux départements de repasser à 90 km/h s'ils le souhaitent.

 

Faisant suite aux Assises nationales de la mobilité organisées à l’automne 2017, le Gouvernement dévoile en novembre 2018 le projet de loi d'orientation des mobilités qui doit renforcer les moyens donnés à la rénovation des infrastructures de transports et mieux intégrer les nouvelles mobilités204.

 

En 2019, le Gouvernement souhaite inclure dans la loi PACTE la privatisation du groupe Aéroports de Paris. Ce projet suscite de fortes oppositions après l'échec de la privatisation des autoroutes205, ainsi que les revers juridiques et les critiques de la Cour des comptes concernant la privatisation de l'aéroport de Toulouse-Blagnac en 2015, à l'époque où Emmanuel Macron était ministre de l'Économie206. L'opposition parlementaire obtient le déclenchement d'une procédure de référendum d'initiative partagée afin qu'ADP soit considéré comme un service public207. Ce projet de RIP est un échec du fait d'un nombre de signataires insuffisant.

 

Affaires économiques et fiscalité

 

 

Conformément à ses annonces de campagne, Emmanuel Macron présente un projet de loi habilitant le Gouvernement à légiférer par ordonnances sur le droit du travail208. Les ordonnances provoquent des protestations syndicales et de la France insoumise, mais le mouvement syndical n'offre pas un front uni et les opposants ne peuvent empêcher leur adoption, qui instaure notamment la rupture conventionnelle collective71. En janvier et février 2018, le gouvernement débat au Parlement d'un projet de loi ratifiant les cinq ordonnances réformant le Code du travail et la généralisation des accords majoritaires au 1er mai 2018209. Une de ses principales dispositions, la limitation des indemnités de licenciement en cas de licenciement abusif (dite « barème Macron »), est contournée par plusieurs jugements de première instance l'estimant non conforme aux règles du droit international210. La Cour de cassation estime cependant le dispositif conforme à convention no 158 de l’OIT211.

 

Emmanuel Macron au Forum économique mondial de 2018.

 

Manifestant de dos, habillé d'un gilet réfléchissant avec écrit : « Macron bouffon redonnes nous des ronds. »
Fin 2018, la politique fiscale du président est contestée par les Gilets jaunes (ici à BavilliersTerritoire de Belfort, le 24 novembre).

 

Emmanuel Macron est régulièrement accusé d'être le « président des riches ». Son prédécesseur, François Hollande, a soutenu cette accusation en affirmant sur le plateau de Quotidien : « [Macron est-il le président des riches ?] - Non, ce n'est pas vrai. Il est le président des très riches »212. Emmanuel Macron veut faire baisser l'impôt sur les sociétés de 33 % à 25 % en 2022, avec un taux dégressif : 31 % en 2019, 28 % en 2020, et 26,5 % en 2021. Dès le 1er janvier 2018, le taux est abaissé à 28 % pour les entreprises faisant moins de 500 000 euros de bénéfice213,214,215. Prévue pour 2018 par le précédent gouvernement, l'entrée en vigueur du prélèvement de l'impôt à la source est reportée à janvier 2019216 avec une mise en place réussie217.

 

Sur deux dossiers industriels, l'exécutif prend une position interventionniste à l'opposé du combat pour le maintien de l'usine Whirlpool d'Amiens : il nationalise temporairement les chantiers navals STX France en faisant jouer son droit de préemption des actions pour bloquer une prise de contrôle sans garantie des intérêts français par l'industriel italien Fincantieri et il s'implique pour le sauvetage de l'équipementier automobile de la Creuse en difficulté GM&S218.

 

Le Gouvernement instaure au 1er janvier 2018 une hausse de la CSG afin de compenser la baisse des cotisations sociales qu'il met progressivement en place pendant l'année. Le Gouvernement souhaite, avec cette diminution des cotisations sociales, perceptible sur la fiche de paie des salariés, augmenter leur pouvoir d'achat219. La hausse en janvier 2018 d'un quart de la CSG pour les retraités recevant au moins 1 289 euros de pension suscite un mécontentement des retraités220.

 

En juin 2018, la mission d'observation du FMI salue « des progrès impressionnants » estimant que « la France est maintenant devenue un chef de file des réformes en Europe ». Le FMI salue les mesures pour « accroître la flexibilité des entreprises sur le plan de la formation des salaires de base, réduire le champ d'application du mécanisme qui régit les salaires minimum » mais suggère de revoir le système des allocations chômage, de « réduire davantage les restrictions et les obstacles à la concurrence dans les professions protégées », de nouvelles « réductions et ciblées des effectifs de fonctionnaires », de simplifier et recentrer les prestations sociales ainsi que de rationaliser les subventions aux entreprises221. Toutefois, la croissance économique au premier semestre 2018 reste l'une des plus faibles d'Europe. L'économiste de l'OFCE Mathieu Plane pointe l'effet du relèvement de la CSG pour certains retraités et du coût des carburants, alors que les mesures de baisse de cotisations et de la taxe d'habitation ne seraient perceptibles qu'en fin d'année222.

 

La politique fiscale est jugée inégalitaire par l'OFCE223, pour la période du quinquennat 2017-2022, sur les 9,15 milliards de baisses d’impôts prévues, 4,20 milliards bénéficieront au dernier décile des 10 % les plus riches, soit 46 % du total224 et s'inspirant de la théorie du ruissellement, la réforme de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) et la « flat tax » sur les dividendes expliquent que le président Macron se voie coller l’étiquette de « président des riches » par plusieurs de ses opposants225. Alors qu'Emmanuel Macron justifiait la suppression de l'ISF par des pénalités sur la rente (« Si on a une préférence pour le risque face à la rente, ce qui est mon cas, il faut préférer la taxation sur la succession aux impôts de type ISF ») dans le droit fil d'une note de France Stratégie qui critiquait « l’avènement d’une société moins méritocratique, où le montant de l’héritage reçu joue un rôle croissant dans la détermination du niveau de vie des personnes », il rejette en septembre 2018 tout alourdissement des droits de succession226. Après avoir envisagé en mai 2018 de supprimer l'Exit tax instaurée en 2011 pour lutter contre l’exil fiscal, l'exécutif le maintient mais en allège les modalités en décembre 2018227,228. Après l'adoption en octobre 2018 d'une loi réformant le verrou de Bercy229, les sommes recouvrées pour fraude fiscale augmentent de 40 % sur les neuf premiers mois de 2019230. Dans son rapport publié en décembre 2020, le comité d’évaluation des réformes de la fiscalité du Sénat indique que les réformes du début du quinquennat sur la fiscalité du capital « ont eu comme corollaire un enrichissement très marqué des 0,1 % les plus fortunés ». Les dividendes ont augmenté de 60 % en 2018, et cette tendance à la hausse se poursuit en 2019. La fortune des 0,1 % de Français les plus riches s'est ainsi accrue de 25 % entre 2017 et 2019231.

 

Dans la foulée de la présidentielle, Emmanuel Macron fait reporter une réunion de dix ministres européens des Finances pour finaliser un accord sur la mise en place d'une taxe sur les transactions financières232, faisant échouer ce projet dont le produit attendu cumulé de 35 milliards d’euros aurait dû financer en partie la transition énergétique et le Fonds vert prévu par l'Accord de Paris sur le climat pour faciliter cette transition pour les pays du Sud233. L'exécutif poursuit une politique libre-échangiste avec la conclusion par la Commission européenne en juin 2019 d'un accord avec le Mercosur234,235 et la ratification par l'Assemblée nationale du traité CETA en juillet 2019236.

 

Ayant ignoré les alertes de son propre camp sur le pouvoir d'achat et le marqueur représenté par la suppression de l'ISF79 dernier trimestre 2018, l'exécutif est en proie à des revendications d'une baisse de la taxation sur les carburants alors que leur prix avait précédemment fortement remonté en raison de la hausse des cours du pétrole237. En novembre 2018, le mouvement des Gilets jaunes mobilise plusieurs centaines de milliers de personnes et bloque de nombreux axes routiers238 et ses répercussion sont particulièrement intenses à La Réunion, où la pauvreté et les inégalités sociales sont particulièrement fortes239. Pour Mediapart, les incitations fiscales à changer de véhicule est en décalage avec le vécu des ménages modestes : « Croit-on alors que les ménages, notamment les plus modestes et les ruraux, vont investir dans un coûteux véhicule électrique sous prétexte qu’il existe des subventions publiques à l’achat ? Leur quotidien est bien plutôt de savoir comment payer les réparations de leurs véhicules d’occasion180. » Après un mois de tensions, le Gouvernement cède dans un premier temps sur l'augmentation des taxes sur les carburants80, puis dans un second temps, le 10 décembre 2018 en annonçant des mesures de revalorisation des revenus de plusieurs catégories sociales, dont augmentation de la prime d'activité d'une centaine d'euros pour les salariés au SMIC81, annulation rétroactive de la hausse de la CSG pour les retraités aux revenus inférieurs à 2 000  par mois240, défiscalisation des heures supplémentaires81. En avril 2019, après le grand débat national, le gouvernement annonce une baisse de l'impôt sur le revenu pour les ménages appartenant aux deux premières tranches d'imposition, d'un montant total de 5 milliards d'euros à partir de 2020241.

 

Selon l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), la politique économique d'Emmanuel Macron tend à accroître les inégalités. Ainsi, les 5 % de Français les plus pauvres devraient voir leur niveau de vie se réduire d’environ 240 euros par an sous l’effet des mesures mises en œuvre entre 2018 et 2020. Au contraire, les 5 % les plus riches devraient voir le leur grimper de 2 905 euros par an242.

 

Affaires sociales et santé

 

 

En vue de la réforme des retraites qu'il a proposée durant sa campagne, Emmanuel Macron a nommé Jean-Paul Delevoye haut-commissaire chargé de ce dossier, mais alors qu'un texte de loi était annoncé pour début 2018, le calendrier prévisionnel de novembre 2017 amène plutôt à une réforme début 2019243. En 2019, l'exécutif dévoile par touches un projet de réforme de retraite par points entérinant de facto la disparation des régimes spéciaux244. En décembre 2019, une forte mobilisation, marquée par d’importantes grèves, intervient contre ce projet85.

 

D'ici 2021, une prise en charge à 100 % doit être proposée pour détenteurs d'une mutuelle de santé pour acquérir des lunettes et les prothèses dentaires et auditives245.

 

L'exécutif annonce pour 2019 un projet de loi sur le financement de la dépendance des personnes âgées246.

La Pandémie 

Au premier trimestre 2020, une pandémie de maladie à coronavirus (Covid-19) se diffuse, obligeant le président de la République à annoncer en direct à la télévision le 16 mars de fortes restrictions de déplacements dès le 17 mars247, tout déplacement devant être justifié par une attestation remplie et signée par toute personne pour justifier sa présence sur la voie publique avec ou sans de moyen de locomotion, sous peine d’une amende pouvant aller jusqu'à 135 euros248. Fin novembre 2020, le bilan de l'épidémie dépasse les 50 000 morts249.

 

Logement

 

 

En campagne électorale, Emmanuel Macron proposait en 2016 de relancer « de manière brutale » la production de logements par « une politique de l'offre », quitte à « réduire » des normes, « certains droits et certaines capacités de recours » pour « accélérer les opérations » immobilières 250. Sa promesse du Président de ne plus voir de personnes à la rue à la fin de l'année 2017 en France n'est pas tenue malgré des moyens complémentaires pour l'hébergement d'urgence. Le porte-parole du gouvernement Julien Denormandie affirme que « l'engagement du Président est de se dire que tout doit être fait contre cette situation inacceptable »251.

 

Après une baisse de 5 euros de l'APL en octobre 2017 à la charge des locataires, l'APL est réduite en 2018 à la charge des bailleurs sociaux d’environ 60 euros pour les logements sociaux (pour réduire son coût de 800 millions d’euros en 2018 et en 2019 puis d’1,5 milliard en 2020) répercutée par une baisse des loyers252. Cette réforme prive les organismes de l'essentiel de leurs fonds propres, ce qui devrait les conduire à réduire leurs opérations d'entretien et de construction253.

 

Le projet de loi ELAN est débattu dans le cadre de la première lecture à l'Assemblée nationale au premier semestre 2018254. Il prévoit de créer un "bail mobilité" pour les personnes recherchant un bail court (mais dont l’opposition craint qu'il déqualifie les baux classiques pour « contribuer à instaurer une précarisation du statut du locataire »255), vise à réformer le droit de l'urbanisme (création du "Projet partenarial d’aménagement" et de la "Grande opération d'urbanisme"), mais aussi à l'aménagement du territoire avec la création d'un Contrat intégrateur unique (CIU)256. Les restrictions budgétaires sur l'APL font que le budget des offices HLM (qui devront se regrouper en plus grosses entités) ne pourra plus s'équilibrer qu'en vendant une partie de leur parc, celui des foyers des classes moyennes (PLS) dans les villes aisées au profit d'organisme de vente à la découpe, risquant d'aboutir comme aux Pays-Bas à une baisse de la production de nouveaux logements et à la paupérisation des quartiers HLM restants256,254.

 

En 2018, les ventes de logements neufs ont baissé de 10,5 % sur 2017 (et même − 13 % au quatrième trimestre) pour s'établir à 150 783. L’Union sociale pour l'habitat, estime que la production de logements sociaux devrait baisser de 124 000 en 2016 à 100 000 en 2018, puis à 65 000 en 2020257.

 

Éducation

 

Dès le début de son quinquennat, Emmanuel Macron lance sa mesure phare : les classes de CP à 12 élèves dans les écoles défavorisées, afin que « personne » n'en sorte avec un mauvais niveau en écriture et lecture. Dès septembre 2017, 2 500 classes de CP sont dédoublées ou bien renforcées avec un instituteur supplémentaire dans les zones les plus défavorisées, dites REP+258,259,260. Dans un sondage réalisé par le Snuipp-FSU, principal syndicat du primaire, 71% des enseignants ayant répondu estiment que les connaissances sont acquises plus rapidement dans ces petites classes261.

 

En septembre 2018, 4 700 classes supplémentaires sont dédoublées, dont 3 200 classes de CP en REP et 1 500 classe de CE1 en REP +. 3 881 postes d'enseignants supplémentaires sont créés. Cela porte le nombre d'élèves bénéficiant de la mesure à 190 000, sur un total de 1,2 million d'écoliers scolarisés en REP et REP+. Le ministre de l'éducation Jean-Michel Blanquer estime qu'il faut donner « priorité à l'école primaire » car les résultats des évaluations de 6e, conduites en 2017, indiquent que « 20 à 40 % des élèves ont des difficultés en français et en mathématiques ». Le ministre affirme que « énormément de choses se jouent au cours des quatre premiers mois de l'année de CP » et qu'il faut que ce qui doit être acquis à l'âge de 6 et 7 ans le soit. Il rajoute pour l'année scolaire 2018-2019 une évaluation des acquis en milieu d'année de la classe de CP262.

 

La réforme du bac se met aussi en place cette année-là : les élèves qui entrent en classe de seconde en septembre 2018 passeront en 2021 ce qui sera la première édition du bac nouvelle formule. L'obtention de ce diplôme portera désormais en partie sur du contrôle continu, c'est-à-dire sur les résultats obtenus par l'élève tout au long de l'année de première et terminale. La note sera à 40 % issu du contrôle continu et à 60 % de l'examen final, qui comportera trois épreuves écrites ainsi qu'une épreuve orale de 20 minutes devant jury, l'élève devant s'exprimer sur un sujet qu'il aura préparé en première et terminale263,264. En ce qui concerne le contrôle continu, qui représente 40 % de la note finale, il se décompose en deux : des examens anticipés pendant l'année de première et l'année de terminale, qui représentent 30% de la note finale, et les notes des bulletins scolaires qui représentent 10 % de la note finale263.

 

Des voix s’élèvent pour dénoncer un passage en force et un manque de concertation pour mettre au point les nouveaux programmes du lycée265. En particulier, la modification des sciences économiques et sociales (SES), avec une montée de la microéconomie comprenant une simplification des processus économiques, avec l'abandon des questions macro-économiques265 et de la sociologie266. Plusieurs centaines de scientifiques déplorent également le peu de place laissé au changement climatique, à la perte de biodiversité et à la compréhension des phénomènes concernés267.

 

Contrairement à sa promesse de ne fermer aucune école d’ici à la fin de son mandat, 400 écoles rurales ferment à la rentrée 2019, dont 150 à la suite d'une décision de l’Éducation nationale268,269.

 

Questions sociétales

 

Suivant l'avis positif du Comité consultatif national d'éthique, le président semble vouloir autoriser la procréation médicalement assistée pour les femmes seules ou en couples lesbiens, mais les modalités et la temporalité de cette réforme restent imprécises270.

 

Fin 2017, dans la foulée du #MeToo, Emmanuel Macron annonce des mesures contre le harcèlement et les violences contre les femmes avec notamment la création d'un délit d'outrage sexiste, l'extension des attributions du CSA à Internet, la création de 10 unités de prise en charge psycho-traumatique dans des centres hospitaliers « à titre pilote » en 2018, l'abaissement de l'âge du non-consentement présumé à une relation sexuelle et l'allongement de la prescription des viols sur mineur à 30 ans après la majorité271. Défendue par la secrétaire d'État chargée de l'Égalité femmes-hommes Marlène Schiappa, la loi élargit la définition du harcèlement sexuel et moral pour y intégrer les harcèlements collectifs par exemple sur les réseaux sociaux272. Son volet relatif aux relations sexuelles entre majeurs et mineurs de moins de 15 ans échoue à faire consensus le principe envisagé « présomption de non-consentement » pour les mineurs de cet âge étant constitutionnellement fragile273. Les associations féministes pointent l'absence de moyens financiers supplémentaires271.

 

Lors d'un discours sur la laïcité devant les évêques en avril 2018, il explique que « nous partageons confusément le sentiment que le lien entre l’Église et l’État s’est abîmé, et qu’il nous importe à vous comme à moi de le réparer », ce qui lui vaut certains critiques sur la neutralité de l’État vis-à-vis des églises274,275. Fin 2018, un projet de loi concernant notamment l'Islam en France et réformant la loi de 1905 était annoncé pour 2019276, avant qu'il n'y renonce277. En octobre 2019, il déclare que « le port du voile islamique dans l’espace public n’est pas [s]on affaire »278.

 

Répondant aux propos d'Emmanuel Macron lors du 34e dîner annuel du CRIF affirmant que « l’antisionisme est l’une des formes modernes de l’antisémitisme »279 suivant eux-mêmes sa déclaration « Nous ne céderons rien à l’antisionisme, car il est la forme réinventée de l’antisémitisme » prononcée le 16 juillet 2017, lors du 75e anniversaire de la rafle du Vélodrome d'Hiver, en présence du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou279, une proposition de résolution est déposée par le député LREM Sylvain Maillard pour assimiler l’antisionisme à une forme d’antisémitisme280,281. Le texte pose le principe que « critiquer l’existence même d’Israël en ce qu’elle constitue une collectivité composée de citoyens juifs revient à exprimer une haine à l’égard de la communauté juive dans son ensemble »279. Cette résolution est adoptée par l'Assemblée nationale le 3 novembre 2019 malgré l'opposition d'un collectif d'intellectuels juifs antisionistes du monde entier282 et d’un nombre important d'absences de vote ou de votes opposés283.

 

Défense

 

Dans le cadre d'une réduction globale des dépenses publiques, le ministre des Comptes publics, Gérald Darmanin, annonce le 11 juillet 2017 que le budget de la Défense respectera l'enveloppe votée par le Parlement et sera réduit de 850 millions d'euros pour l'année 2017. Le chef d'État-Major des arméesPierre de Villiers, expose son désaccord devant la commission de la Défense de l'Assemblée nationale : « Je ne me laisserai pas baiser comme ça »284. Ces propos fuitent dans le quotidien Le Monde285. Le 13 juillet, lors du traditionnel discours aux armées, Emmanuel Macron réaffirme son intention de porter le budget de la Défense à 2 % du PIB. En rappelant « je suis votre chef », il rejette les critiques sur l'effort d'économie prévu et ajoute qu'« il n'est pas digne d'étaler certains débats sur la place publique »286. Pierre de Villiers démissionne de ses fonctions le mercredi 19 juillet287« fait sans précédent depuis 1958 »288. Fin juillet 2017, une enquête Ifop annonce une chute de 10 points de la cote de popularité du président, liée principalement à cet épisode289.

 

En février 2018, Emmanuel Macron annonce la prochaine création d'un « service national universel » obligatoire et mixte290.

 

En mars 2018 lors d'une visite en Inde, Emmanuel Macron signe un accord d'utilisation réciproque de leurs bases navales autour de l'Océan indien, dont pour la France ses implantations de Djibouti et des Émirats arabes unis291.

 

En juillet 2019, il annonce une nouvelle stratégie militaire spatiale comprenant notamment la création d'un grand commandement de l’espace au sein de l’Armée de l’air292.

 

En décembre 2020, il annonce que le porte-avions de nouvelle génération qui remplacera le Charles de Gaulle vers 2038 sera à propulsion nucléaire293.

La défense, aujourd-hui où en est-on

Les forces spéciales identifient quatre enjeux capacitaires majeurs pour s’adapter aux conflits hybrid

par Laurent Lagneau · 16 février 2021

Outre le rôle qu’elles tiennent dans la lutte contre les organisations terroristes, tant au Sahel qu’au Levant, les forces spéciales françaises auront à s’adapter à « l’hybridation » des conflits, c’est à dire à la combinaison de moyens conventionnels, irréguliers et asymétriques dans le but de créer des tensions afin d’affaiblir un pays cible. Ce qui fait qu’elles auront tout leur place dans un engagement de « haute intensité », auquel se préparent les armées françaises.

« Les forces spéciales sont des précurseurs, à travers le combat hybride. Si la désescalade n’a pu être obtenue et que le conflit a mué en haute intensité, elles peuvent venir en appui des forces conventionnelles sur des points spécifiques ou en intervenant dans des zones particulières », a en effet résumé le général Éric Vidaud, le « patron » du Commandement des opérations spéciales [COS], lors d’une récente audition à l’Assemblée nationale.

Ce qui n’est pas sans conséquences dans le domaine capacitaire. Ainsi, pour le COS, cette « hybridation » revêt quatre enjeux majeurs. Le premier est la résilience de ses systèmes, selon deux axes, qui sont « la souveraineté nationale dans l’accès aux capacités les plus structurantes et la capacité à opérer dans des environnements perturbés ou contestés. »

 

Sur ce point, le général Vidaud estime que le COS est encore trop dépendant, par exemple, dans le domaine des liaisons de données, lesquelles « ne peuvent pourtant plus être garanties en tout temps et en tout lieu, soit parce qu’elles peuvent être brouillées ou interceptées, soit parce qu’elles ne permettent pas la discrétion indispensable à la conduite d’opérations spéciales. »

Un second enjeu identifié par le GCOS concerne « l’accès aux zones de conflit en toute discrétion », que ce soit dans les milieux terrestres, aériens et maritimes mais également dans les champs « cyber et informationnels ». Sur ce point, il a fait remarquer que les forces spéciales utilisent des avions de transport C-130H Hercules « équipés d’une avionique qui date des années 1980 ».

Aussi, la modernisation de ces derniers ainsi que le recours à l’A400M [trois équipages de l’escadron 3/61 Poitou seront formés sur cet appareil, ndlr] sont les « deux conditons nécessaires au maintien d’un outil opérations spéciales ‘haut du spectre' », a estimé le général Vidaud, qui a fait l’impasse sur le sujet des hélicoptères de transport lourd [HTL]. Du moins, c’est ce qu’il en ressort du compte-rendu de l’audition, qui s’est tenue à huis-clos.

Dans le domaine terrestre, ce dernier a évoqué « l’aboutissement du programme VFS » [Véhicules Forces Spéciales], qui se décline en trois version [Véhicule léger pour forces spéciales, Poifs lourds pour forces spéciales et fadiers aérolargables, ndlr].

S’agissant du milieu marin, les commandos marine attendent beaucoup du PSM3G [Propulseur sous-marin de troisième génération], qui sera mis en oeuvre depuis les sous-marins nucléaire d’attaques [SNA] de type Suffren. Ils « sont un véritable atout stratégique pour accéder aux zones côtières » et il « s’agit aujourd’hui de consolider et de diversifier ses vecteurs de mise en place », a dit GCOS. Cela étant, « le développement de drones maritimes, notamment subaquatiques, pourraient nous conférer une plus grande autonomie et réduire les risques pris dans un milieu très exigeant », a-t-il ajouté.

 

Quant aux champs immatériels [cyberespace, espace, influence, etc], le général Vidaud a fait observer aux députés que ce domaine capacitaire étant « marqué par un tempo d’innovation particulièrement rapide, le moindre retard dans l’équipement est synonyme de déclassement. » Et que la « capacité à mener des actions d’influence doit être professionnalisée et pérennisée », ces deux « volets sont indispensables pour répondre aux stratégies hybrides de nos compétiteurs et adversaires stratégiques. »

Le quatrième enjeu concerne le « système d’information des opérations spéciales » [SIOS], qui devra permettre de tirer le bon grain de l’ivraie parmi la masse des informations collectées. « Il est indispensable pour distinguer les opportunités opérationnelles, alors que l’’infobésité’ génère un nouveau brouillard de la guerre, susceptible de paralyser la décision. Notre capacité à digérer ces masses d’informations conditionnera notre efficacité en matière d’information, de ciblage et d’influence », a expliqué le général Vidaud.

 

Ce SIOS, appelé à devenir la clé de voûte du système de combat des opérations spéciales, constitue par conséquent « l’enjeu majeur des dix années à venir », ce qui fait que c’est un « un défi à la fois conceptuel, technologique et national » car « dans ce domaine, l’autonomie n’est pas une option, c’est une obligation », a souligné le GCOS.

M. Macron maintient le dispositif de Barkhane à 5.100 militaires et appelle à « décapiter » les groupes liés à al-Qaïda

par Laurent Lagneau · 16 février 2021

En janvier 2020, à l’issue du sommet de Pau, ayant réuni la France et les pays du G5 Sahel [Mali, Mauritanie, Tchad, Niger et Burkina Faso], il fut décidé de renforcer la force française Barkhane à hauteur de 600 soldats supplémentaires et de concentrer les opérations dans la région le Liptako-Gourma, où l’État islamique au grand Sahara [EIGS] venait de revendiquer une série d’attaques particulièrment meurtrières contre les forces armées locales.

Un an plus tard, l’EIGS, par ailleurs aux prises avec le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans [GSIM ou JNIM], lié à al-Qaïda, a subi de lourdes pertes. « Si celui-ci conserve une capacité de nuisance et de régénération, il semble davantage à la portée des forces partenaires sahéliennes. Ses capacités actuelles ne lui permettent plus d’envisager la prise de postes avancés comme en 2019. S’il cherche toujours à se développer, c’est plus lentement, en reconstituant ses réseaux de racket et en visant les cadres de l’État ou les chefs locaux pour prendre l’ascendant sur les populations », avait ainsi résumé le général Marc Conruyt, le commandant de la force Barkhane, lors d’une audition parlementaire, en décembre.

 

Pour autant, l’EIGS a pu préserver sa « capacité de commandement et de contrôle », a ainsi relevé, dans son dernier rapport, l’Équipe d’appui analytique et de surveillance des sanctions adoptées par les Nations unies contre les organisation jihadiste. Et d’estimer que le groupe semblait « suffisamment résilient pour reconstituer sa base de combattants tout en maintenant une forte présence dans la propagande de l’échelon central de l’État islamique. » Qui plus est, son chef Adnane Abou Walid al-Sahraoui, court toujours.

 

Ce qui n’est plus le cas de plusieurs cadres d’al-Qaïda au Maghreb islamique [AQMI], associé au GSIM. En juin, son chef, Abdelmalek Droukdel, a été élimliné lors d’une opération des forces spéciales françaises.

Après ces succès tactiques et alors que le groupement européen de forces spéciales Takuba poursuivait sa montée en puissance, il fut avancé, en novembre dernier, que le format de la force Barkhane allait être probablement réduit à la faveur de la prochaine relève. L’hypothèse était d’autant plus crédible que le président Macron avait parlé, à plusieurs reprises, d’un éventuel « ajustement ».

Finalement, il n’en sera rien. Du moins, pas dans l’immédiat. Lors du sommet de N’Djamena, au cours du quel il a été fait un point sur la situation au Sahel, M. Macron a en effet affirmé que la France ne comptait pas réduire l’effectif de la force Barkhane, qui restera donc à 5.100 militaires.

 

« Des évolutions sans doute significatives seront apportées à notre dispositif militaire au Sahel en temps voulu mais elles n’interviendront pas dans l’immédiat », a dit le président français, expliquant qu’il « serait paradoxal d’affaiblir notre dispositif au moment où nous disposons d’un alignement politique et militaire favorable à la réalisation de nos objectifs. »

Et, désormais, l’accent sera mis sur les groupes armés terroristes liés à al-Qaïda, à commencer, donc, par le GSIM, dont la katiba Macina. Il faut une « action renforcée » pour « essayer d’aller décapiter ces organisations », dont « la plus haute hiérarchie continue à nourrir un agenda jihadiste », a dit M. Macron.

 

À noter que le dispositif militaire dans la région dite des trois frontières [car située aux confins du Mali, du Burkina Faso et du Niger] sera significativement renforcé avec le déploiement de 1.200 soldats tchadiens. L’annonce en a été faite le 15 février par le président Idriss Deby Itno. Reste à voir quand il sera effectif… car l’an passé, un bataillon des forces armées tchadiennes avait été également annoncé… Mais les circonstances en décidèrent autrement, N’Djamena ayant lancé entretemps l’opération « Colère de Bohoma » contre le groupe jihadiste Boko Haram, après une attaque contre une caserne située dans la région du Lac Tchad.

 

Quoi qu’il en soit, le GSIM a déjà fait l’objet de la récente opération « Éclipse », au cours de laquelle une centaine de jihadises ont été neutralisés, selon l’état-major des forces armées maliennes [FAMa].

Cela étant, d’après le rapport de l’équipe des Nations unies, le GSIM « bénéficie d’une position forte dans les régions de Mopti et de Ségou, notamment à Diabali, Bankass, Bandiagara et Koro. Il prétend rassembler différents groupes ethniques malgré sa responsabilité dans l’orchestration de violences interethniques. Il a récemment recruté des combattants dans les communautés dogon et bambara. »

 

Par ailleurs, le président français a également insisté sur le fait que la réponse ne pouvait pas qu’être militaire. Il faut « donner une perspective aux populations du Sahel » en appelant à un « deuxième sursaut : celui du retour de la sécurité et des services aux populations » et en demandant « une impulsion au plus niveau de l’État » pour réinvestir les territoires délaissés. « C’est par le collectif et l’action concrète sur le terrain que nous réussirons. La France continuera d’y prendre sa part parce que je sais que chacun est ici mobilisé », a-t-il fait valoir.

Une attaque informatique a visé des institutions et plusieurs grandes entreprises françaises

par Laurent Lagneau · 16 février 2021

Trois ans. C’est le temps qu’il aura fallu pour mettre au jour une attaque informatique menée par le biais d’un logiciel qui édité par l’entreprise Centreon, permet de superviser des applications et des réseaux informatiques. Il a été choisi notamment par Airbus, Thales, Total, Bolloré, EDF, l’École polytechnique, le ministère de la Justice ainsi que par quelques collectivités locales.

En effet, le 15 février, l’Agence nationale de sécurité des systèmes d’information [ANSSI] a publié un rapport [.pdf] dans lequel elle affirme avour été « informée d’une campagne de compromission touchant plusieurs entités françaises », ciblant le logiciel de supervision Centreon.  »

 

« Les premières compromissions identifiées par l’ANSSI datent de fin 2017 et se sont poursuivies jusqu’en 2020. Cette campagne a principalement touché des prestataires de services informatiques, notamment d’hébergement web », ajoute l’agence de cybersécurité française.

 

Cette attaque informatique, dont l’objet était visiblement de récupérer des données, n’est pas sans rappeler celle qui, appelée « Sunburst« , a visé le logiciel Orion, édité par la société américain Solarwinds. Lors d’une mise à jour, un « cheval de troie » fut introduit dans les systèmes des entreprises et des administrations clientes à la faveur d’une mise à jour. Par la suite, le programme malveillant créa une porte dérobée sur les systèmes qu’il venait d’infecter, permettant ainsi aux pirates informatiques d’exfiltrer en toute discréton les informations qui les intéressaient, voire d’en détruire.

 

Selon l’ANSSI, l’attaque ayant visé Centreon a été commise à l’aide du webshell P.A.S. [ou « code encoquillé  » PAS], initialement développé par un étudiant ukrainien. Disponible en source ouverte, l’une de ses versions avait été identifiée par les services américains lors des différentes attaques informatiques ayant visé l’élection de 2016. Pour rappel, ils les avaient attribuées à la Russie.

 

Par ailleurs, le rapport de l’ANSSI mentionne également l’utilisation de « l’implant Exaramel », qui est une « porte dérobée ». Deux versions ont été identifées : l’une pour les systèmes Windows, l’autre pour les systèmes Linux.

« Les analyses menées par l’ANSSI ont permis de mettre en évidence l’utilisation de l’implant Linux/Exaramel chez plusieurs victimes de la campagne de compromission », indique l’agence qui précise que ses analyses ne lui ont pas permis « d’identifier l’origine du dépôt de cette porte dérobée. »

 

Rappelant qu’un « mode opératoire est la somme des outils, tactiques, techniques, procédures et caractéristiques mises en œuvre par un ou plusieurs acteurs malveillants dans le cadre d’une ou plusieurs attaques informatiques » et qu’il n’est donc « pas confondre avec un groupe d’attaquants, composé d’individus ou d’organisations », l’ANSSI estime que celui utilisé pour s’attaque au logiciel Centreon rappelle celui connu sous le nom de « Sandworm ».

« Le webshell P.A.S. est disponible en accès libre sur le site du développeur. Il a donc été accessible à de nombreux acteurs. Pris indépendamment des autres indicateurs de compromission, il ne permet pas de lier cette campagne à un mode opératoire », explique l’ANSSI dans un premier temps.

 

En revanche, « l’outil Linux/Exaramel a quant à lui été analysé par l’entreprise de sécurité informatique ESET » et « celle-ci a noté la proximité de cette porte dérobée avec Industroyer, liée au mode opératoire TeleBots, plus communément connu sous le nom de Sandworm », poursuit l’agence de cybersécurité.

Et cette dernière d’ajouter : « Bien que cet outil puisse être réutilisé assez facilement, l’infrastructure de commande et de contrôle avait déjà été préalablement identifiée par l’ANSSI comme appartenant au mode opératoire Sandworm », lequel est « connu pour mener des campagnes de compromission larges puis pour cibler parmi les victimes celles qui sont le plus stratégiques. »

« Les compromissions observées par l’ANSSI correspondent à ce comportement », insiste l’agence, qui se garde de désigner explicitement les auteurs de cette attaque informatique. En effet, cela relève d’une décision politique.

« La question de l’attribution des attaques est le grand problème du cyber. On a la plupart du temps une idée de qui est derrière, mais on ne peut pas prouver l’origine devant un juge par exemple », avait expliqué son directeur, Guillaume Poupard, en 2019. Aussi, « l’attribution est in fine une décision politique de très haut niveau, orientée par un faisceau d’indices », avait-il ajouté.

 

Cela étant, en octobre dernier, le mode opératoire « Sandworm » avait été associé par la justice américaine à l’Unité 74455 de la Direction principale du renseignement russe [GRU].

Optronique : Le groupe Photonis va être repris par la société d’investissement HLD

par Laurent Lagneau · 16 février 2021

Numéro un mondial des analyseurs par spectromètrie de masse et spécialiste des systèmes de vision nocturne, l’entreprise française Photonis intéressait particulièrement l’américain Teledyne après que son propriétaire, le fonds d’investissement Ardian, fit connaître son intention de s’en séparer.

 

Seulement, au regard des technologies mises au point par Photonis, ainsi que ses activités dans la dissuasion nucléaire, la perspective de son rachat par un groupe américain ne manqua pas de susciter une levée de boucliers.

Dans un premier temps, et alors que Teledyne avait mis 500 millions de dollars pour s’emparer de la pépite française, le gouvernement posa ses conditions, avec l’entrée au capital de Photonis de Bpifrance, assortie d’un droit de veto pouvant être utilisé dans cas de décision allant à l’encontre des intérêts de la France, la mise en place d’un « comité de sécurité interne », composé de représentants du ministère des Armées, et l’interdiction de transmettre aux États-Unis toute information relative aux matériels livrés aux forces françaises.

 

Par la suite, étant donné ces conditions, Teledyne manoeuvra pour faire baisser le prix de Photonis. Ce qu’il obtint, avec un rabais de 15%, consenti par le fonds Ardian.

Mais, en décembre, coup de théâtre : la ministre des Armées, Florence Parly, siffla la fin de la partie. « L’offre de rachat de Photonis par l’industriel Teledyne n’a pas fait l’objet d’un agrément au titre de la réglementation relative aux investissements étrangers en France », annonça-t-elle, pour qui cette décision traduisit la « volonté de protection des intérêts stratégiques de la France. »

 

« L’État travaille avec des acteurs industriels et financiers français à une solution de reprise nationale permettant de préserver la souveraineté de Photonis, entreprise essentielle aux opérations militaires françaises », avait également précisé la ministre.

 

Cette solution a donc été trouvée. En effet, après avoir mis la main sur le groupe Rafaut et Microwave Vision Group [MVG], la société d’investissement HLD, basée à Paris, fait savoir, le 15 février, qu’elle était « entrée en négociations exclusives avec Ardian, en vue de réaliser l’acquisition de Photonis, leader de la fabrication de tubes intensificateurs de lumière destinés aux jumelles de vision nocturne et de fabrication de systèmes de détection scientifique. »

 

Le montant de la transaction s’éleverait à envron 370 millions d’euros… Soit 55 millions de moins par rapport à la dernière offre de Teledyne.

« Je ne dirais pas que c’est une bonne affaire, les Américains avaient une approche avec des synergies, comme Teledyne est un groupe industriel, alors que nous, on est rentré en exclusivité pour reprendre Photonis dans son intégrité, sans l’associer à un groupe », a relativisé Cédric Chateau, le président du comité d’investissement de HLD, à l’antenne de BFM Business, ce 16 février.

L’objectif de HLD Europe est de doubler le chiffre d’affaires de Photonis dans les cinq à dix qui viennent.

 

« On a un ADN entrepreneurial qui est intrinsèque à notre groupe d’investissement. On est un groupe d’investissement à capitaux permanents, on n’a pas d’horizon de temps. On laisse au management le temps de mettre en place le plan d’affaires sur la durée et lorsqu’on est une société technologique comme Photonis, c’est nécessaire d’avoir du temps devant soi », a expliqué M. Chateau.

A priori, pour atteindre cet objectif, l’accent sera mis sur la recherche et le développement [R&D] afin d’accroître l’activité de Photonis dans le secteur de la défense, mais également sur les marchés civils, grâce à une politique d’acquisitions ciblées.

 

Photonis « a des perspectives de développement dans ce marché [les systèmes vision nocturne, ndlr] mais aussi en développant une nouvelle gamme de produits, soit en intensifiant les efforts de recherche, soit en effectuant des acquisitions ciblées, en particulier en Europe », a ainsi expliqué Jean-Hubert Vial, associé chez HLD, à l’AFP. Aussi, a-t-il continué, il s’agira de « bien cibler les axes de développement en recherche », que ce soit dans la défense, la santé, le contrôle industriel ou l’énergie.

 

L’une des pistes envisagées serait de rapprocher Photonis avec Lynred [ex-Sofradir], la co-entreprise de Thales et de Safran dans le domaine de l’optronique.

« On a formulé cette offre sur Photonis sans échange particulier avec Thales et Safran. Mais dans le futur, il y a des rapprochements possibles notamment pour rapprocher la technologie infrarouge avec celle de Photonis qui est dans l’amplification d’image pour améliorer la vision nocturne », a confirmé M. Chateau.

mardi 16 février 2021

Un signal pas très encourageant

Le président de la République a manifestement choisi de maintenir le surge en l'état, et d'accentuer encore la lutte antiterroriste au Sahel. Cela traduit plusieurs éléments de tendance, dont aucun n'est vraiment rassurant. Comme évoqué dans deux posts ce weekend.

D'abord, cela confirme ce que l'on sait déjà. L'ennemi reste vivace, porte des coups sérieux. Et ce, malgré les 1200 à 1500 éléments éclaircis de ses rangs. Il se régénère, et pourtant, pas avec une internationale comme celle que Daech avait réussi à fédérer. Face à cette régénération, guère de solution sinon donc bien, encore accentuer la lutte antiterroriste. 

Le surge avait été déployé dans l'attente de Takuba. Or Takuba est à peine 50% de l'effectif visé, et encore, grâce à... l'inclusion de 110 Français (au moins), alors que les Français ne devaient pas être dans Takuba, qui vise précisément à faire rentrer des soldats français à la maison.

Le pouvoir de conviction (ou de non-conviction) de la France n'y est pour rien : par contre, le putsch de 2020 au Mali, les coups que portent l'ennemi, la peur des pertes, le coût de la mission, la peur des tirs fratricides, tout cela ne produit pas un capacité à accélérer les vocations de l'Europe.

Paris a bien essayé, ces derniers jours, de faire briller la monnaie européenne, ces 2500 alliés fidèles engagés dans la lutte, etc.

Mais il faut le rappeler, c'est seulement le cas des estoniens (30 dans Takuba et 50 en prodef), des tchèques (30 sur 60 annoncés) et des suédois (150 à terme, mais dans une posture spécifique). Bref en comptant large, 230 sur 2500, même pas 10% ! Même si, il ne faut pas le nier, les Espagnols sont bien utiles avec leurs Casa, les Britanniques avec leurs Chinook (désormais partagés avec la QRF britannique de la Minusma).

Les autres ne jouent pas à la marelle non plus, mais pour autant, ils ne sont pas en première ligne, là où la lutte antiterroriste a besoin d'eux. Et même dans la fonction de soutien, on a parfois entendu de drôles de caveats pour ne pas en être dans la bouche de certains européens.

Il est faux de dire que ce champ de lutte s'étend sur toute la BSS. Les GAT opèrent quasi exclusivement dans un triangle Mopti-Tombouctou-Menaka. Bref, pas cinq fois la France non plus.

Sans capacités supplémentaires en matière de renseignement aérien, de frappe aérienne, la cadence ne pourra pas être intensifiée au-delà des résultats (exceptionnels) de 2020, alimentés par des erreurs des GAT.

Or ce ne sont pas les armées locales qui le produiront. A la vérité, le surge de janvier 2021 n'a pas apporté grand chose dans ces domaines en capacités nouvelles. Par contre, la mise en vol des Reaper Block 5, quand elle interviendra, aura un impact quasi-immédiat.

Au sol, le système arrive au bout de la piste, et épuise un système de MCO exsangue. Une fois que le bataillon Griffon aura démontré toute l'excellence que l'armée de terre attend de lui, la page des gros bataillons sera vraisemblablement tournée.

Et il faudra passer au sujet suivant : haute intensité. Qui n'attendra pas. 

16.02.2021

Il n'y aura pas d'ajustement dans l'immédiat de la présence militaire française au Sahel, a déclaré mardi Emmanuel Macron à l'occasion du sommet G5 Sahel, à N'Djamena. "Des évolutions sans doute significatives seront apportées à notre dispositif militaire au Sahel en temps voulu, mais elles n'interviendront pas dans l'immédiat", a déclaré le président français.

 

Le 19 janvier dernier, lors de ses voeux aux armées, il avait ouvert la porte à une réduction des effectifs militaires français déployés au Sahel (5200 hommes), sans toutefois en préciser l'ampleur ni le calendrier.

S'il a appelé mardi à "décapiter" les groupes jihadistes affiliés à Al-Qaïda qui constituent toujours une menace au Sahel, Emmanuel Macron a toutefois dit souhaiter, dans la durée "et au-delà de l'été", une évolution de la présence militaire française au Sahel et une sortie d'une logique d'opération extérieure.

 

"Notre volonté est de sortir d'une logique d'opération extérieure pour nous concentrer sur la stricte lutte contre le terrorisme, c'est à dire des forces plus légères de projection avec un Takuba renforcé", a expliqué le président français lors d'une conférence de presse. "Notre objectif c'est d'arriver à 2 000 hommes sur Takuba, avec un pilier français autour de 500 hommes, dans la durée, et une coopération avec les armées de la région, avec plusieurs emprises mais à chaque fois en appui, avec des militaires qui seraient là dans la durée aux côtés des militaires sahéliens, ce qui est une logique différente de celle des opex" (opérations extérieures).

mardi 16 février 2021

COS : des rappels et une interpellation

Dans son audition à l'assemblée nationale il y a plus d'un mois (le verbatim relu vient d'être diffusé), le GCOS a rappelé l'engagement, au prix du sang, des personnels des opérations spéciales, depuis 1992. 22 sont morts en opérations spéciales, et rien que dans les trois années, huit ont aussi été blessés a-t-il assuré.

En introduction de l'audition figure aussi un rappel du député Jean-Michel Jacques, ancien commando marine, en préface de mon livre Forces spéciales (1). Dans une longue interpellation, le même a livré son "inquiétude" sur la capacité de drone MALE, devenue quasi-cosubstantielle de la TF Sabre au Sahel et dont la relève s'avère préoccupante : "bien souvent, le COS disparaît derrière nos armées du fait de sa discrétion. On évoque fréquemment les victoires de Barkhane, en particulier au Mali, bien que – nous le savons – l’opération Sabre, constituée des forces spéciales, se trouve bien souvent derrière toutes ces réussites. Le commandement des opérations spéciales a neutralisé un certain nombre de chefs terroristes et cassé des flux logistiques. Des opérations ont été couronnées de succès grâce au renseignement, qu’il soit humain – au sol – ou d’origine électromagnétique (ROEM), essentiellement grâce à nos drones Reeaper, de fabrication américaine – nous n’avons pas, en la matière, une entière souveraineté.  Le drone permet de filmer, de localiser les cibles potentielles, par triangulation, et de neutraliser des objectifs, par des tirs. Nous avons une certaine dépendance à l’égard de cet outil indispensable. Dans le cadre de la loi de programmation militaire (LPM), nous avons consenti au développement d’un drone européen, l’Eurodrone, qui ne devrait apparaître qu’en 2028, voire en 2030. Je ne vous cacherai pas que les années à venir m’inspirent une certaine inquiétude. J’en ai parlé hier à Mme Parly, qui nous a rappelé que des commandes de drones avaient été passées lorsque M. Le Drian occupait les fonctions de ministre de la défense. Je voudrais vous interroger sur le trou capacitaire qui se dessine, au moins jusqu’à l’entrée en service de l’Eurodrone. Ce dernier sera d’ailleurs très lourd, moins agile que le Reaper. Correspondra-t-il vraiment à nos besoins ? Les forces spéciales ont la capacité à trouver des solutions. Est-il possible, d’ici à l’entrée en service de l’Eurodrone, de développer d’autres types de drones, afin de pouvoir pratiquer le ROEM ?  

Le GCOS a répondu qu'une bonne partie des capacités actuelles repose aussi et surtout actuellement sur les capacités américaines basés au Niger (comme les Françaises) et que le COS travaille à des drones de taille plus réduite (MAME) qu'il mettra en oeuvre lui-même.

Enfin, il a aussi livré un nouveau créneau pour le SOFINS qui se tiendra finalement du 29 juin au 1er juillet, voire à l'automne en cas de conditions sanitaires non réunies.

(1) "J’ai retenu que le respect, la loyauté, le sens du devoir, le dépassement de soi, le courage, l’humilité, l’anticipation et l’innovation font partie des qualités de ces hommes de l’ombre."

Le colonel Jacques Gindrey est mort. Son décès a été annoncé ce mardi dans le carnet du Figaro.

Après un parcours parfois terrible, où Jacques Gindrey frôla la mort de près, le chirurgien, natif de Côte-d'Or, mit sa vie au service des patients de la clinique de Vire (Calvados).

A plusieurs reprises, il a raconté sa carrière de médecin militaire (qui s'est terminée en 1971) et en particulier sa bataille de Dien Bien Phu dans les colonnes de Ouest-France. 

Extrait d'un article de 2014:
"En 1940, mon père a pleuré en voyant arriver les Boches". Jacques a 13 ans. Il est enfant de troupe cette année-là. En 1942, le bon élève intègre l'école d'Autun. "C'était militaire, mais civilisé, s'amuse-t-il. On y était surtout anti-Allemands." Il va rejoindre la Résistance et s'illustre à plusieurs reprises. "J'étais très jeune, on m'a surnommé "bébé". Il sera toutefois grièvement blessé le 11 juillet 1944 dans l'Ain, et fait prisonnier. Mais il en réchappera. Il passe son bac en juin 1945, puis part au Prytanée de La Flèche (Sarthe) où il prépare la première année de médecine. Cursus qu'il achève à l'École de santé de Lyon. En 1952, à 25 ans, ce brillant élève est docteur en médecine. Officier dans la Coloniale, il se retrouve en Indochine, au coeur des combats de Dien Bien Phu, en 1954. "La défaite fut terrible, témoigne celui qui fut là-bas chirurgien de guerre. Sur 10 000 captifs, les trois quarts ne reviendront pas." Il en réchappera. Encore une fois. Rendu à la vie civile, Jacques Gindrey rejoint Vire en 1971. Il exerce jusqu'en 1989 comme traumatologue orthopédiste. "J'ai bien dû installer 2 000 prothèses de hanche", rappelle modestement le père de quatre enfants, aujourd'hui veuf.

 

 

Autre extrait, d'un article de 2004, où il parle de l'Indochine:
"Nous sommes arrivés, ma femme et moi, à Saïgon, à l'automne 1953 pour travailler à l'hôpital Grall. Je venais de me marier et de terminer mes études médicales à Lyon. Après un passage à l'hôpital d'Hanoï, où l'on recevait 120 blessés de guerre par jour, Chippaux, médecin-colonel, un patron très respecté, me demande de constituer l'antenne chirurgicale 44 avec anesthésiste et infirmiers. On me précisera plus tard, en y mettant les formes, que c'est pour partir à Dien Bien... Je suis parachuté le 20 février 1954 sur Dien Bien, une cuvette dénudée, entourée de collines où se planquent les Viets. Ma première impression est défavorable. L'antenne est mal placée, au lieu géométrique d'arrivée des obus, trop petite avec 42 lits, mal protégée. Seul le toit de la salle d'opération est solidement couvert. Avec mon collègue Grauwin, on organise l'antenne, à côté du PC. On se repose dans des abris de fortune, un serpent se balade au-dessus de nos têtes.  Le 14 mars, Béatrice tombe. Les fortins avaient des noms féminins. D'une violence inouïe. L'afflux de blessés est immédiat. L'antenne est submergée. Les avions tant qu'il y en a sont remplis au sprint. Pendant deux semaines, on jongle avec les extrêmes urgences : les blessés sont de trois types. Les blessés des membres arrivent mal garrottés avec du fil téléphonique, la seule solution est l'amputation. C'est terrible. Les blessés du thorax, on ferme la plaie. Les plus graves sont les blessés du ventre. Un abdomen opéré, c'est quatre à cinq fracas de membres qui ne le sont pas. Par manque de temps, il faut choisir. Les grands blessés me disaient : "Et moi, et moi, mon lieutenant..." L'anesthésiste les aidait à dormir. J'ai opéré non stop durant cinquante-sept jours, de sept heures du matin à minuit le soir. J'étais là pour ça. Je ne me posais pas de questions. J'étais automatisé, craignant seulement de m'écrouler de fatigue. Le 18 mars, j'ai échappé à la mort à la seconde près, sous la tente où l'on triait les blessés. Un obus de mortier de 120 massacre tout. Quinze personnes sont tuées sur le coup, dont notre caporal infirmier, Bong, foudroyé la seringue à la main.

 

Mon amie Geneviève de Galard arrive le 28 mars, une femme d'un très grand dévouement. Mourir avec une femme qui vous tient la main, ce n'est pas la même chose. Le plus difficile furent les premiers quinze jours, il fallut tout organiser sous le feu. Vers la mi-avril, la mousson. Il pleut de la boue dans les plaies ouvertes. On lave à grand coup de sérum. Le 7 mai, mon dernier opéré sera le capitaine Le Boudec, du sixième bataillon de parachutistes commandé par Bigeard. Il a des pièces de bouchon-artilleur dans l'avant-bras. Je l'endors libre, il se réveille prisonnier. Comme moi. On a pleuré tous les deux. Nous avons marché le long de la route vers le camp n° 1 à la frontière de la Chine. Malade comme un chien, je suis sauvé grâce à des comprimés discrètement mis dans mon sac. Le 2 septembre, à l'hôpital d'Hanoï, je souris à une silhouette. C'était ma femme. Elle me croyait disparu. Partis à 10 000, nous sommes revenus à 2 500. La guerre est une ignominie. La pire des choses. À Dien Bien, j'ai rencontré des héros inconnus. Si on avait un peu plus réfléchi, on ne serait pas allés faire cette guerre. Sorti de cet enfer, de retour en France, j'ai passé ma vie à bosser pour ne pas ressasser cette histoire."

 

Le président tchadien Idriss Déby Itno a annoncé lundi l'envoi de 1 200 soldats dans la zone dite des "trois frontières", entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso, pour lutter contre les jihadistes, en marge du sommet des cinq pays du Sahel avec la France à N'Djamena.

Ce bataillon avait été équipé en septembre 2019 par les Américains qui lui avait fourni des véhicules. En revanche, il n'avait pas été déployé au Mali ou au Niger. Annonce, contre-annonce et démenti en rafales...

C'est (presque) chose faite. En tout cas, selon le chef de l'Etat tchadien, ses soldats sont en route

Otan : L’administration Biden restera ferme sur l’exigence de porter les dépenses militaires à 2% du PIB

 par Laurent Lagneau · 17 février 2021

> L’an passé, 20.000 militaires américains étaient attendus en Europe afin de participer l’exercice « Defender Europe 2020 », annoncé comme devant être le plus important des 25 dernières années. Évidemment, la pandémie de covid-19 en affecta l’ampleur qui devait lui être donnée.

> Cela étant, deux ans plus tôt, les forces américaines constituèrent le gros des troupes engagées dans l’exercice Trident Juncture 2018, qui était alors plus important organisé par l’Otan depuis 2002. En outre, durant les années de la présidence de Donald Trump, les États-Unis ont maintenu, voire renforcé parfois, leurs effectifs militaires en Europe. Ce qui n’avait pas été le cas de son prédécesseur, la 172nd Infantry Brigade Combat Team ayant été désactivée en mai 2013

> Reste que, au sein de l’Otan, le président Trump n’aura pas été un interlocuteur facile. Ayant tardé à afficher son attachement au princide de défense collective [article 5], il s’était surtout attaché à exiger des Alliés qu’ils tinssent l’engagement pris en 2014 de porter leurs dépenses militaires à 2% de leur PIB. Et sans y mettre les formes, comme ce fut le cas lors du sommet de Bruxelles, en juillet 2018. Là, Berlin en prit pour son grade… L’Allemagne « paie des milliards de dollars à la Russie pour ses approvisionnements en énergie et nous devons payer pour la protéger contre la Russie. Comment expliquer cela? Ce n’est pas juste », s’était-il emporté, en faisant référence au projet Nord Stream 2.

> Maintenant que M. Trump a quitté la Maison Blanche, son successeur, Joe Biden, entend « réparer » les alliances des États-Unis. Et donc, en premier, les rapports avec l’Otan. Déjà, Washington a déjà réaffirmé son attachement à l’article 5 et suspendu le redéploiement de 12.500 militaires américains d’Allemagne vers d’autres États membres européens [Pologne, Italie et Belgique] qu’avait décidé la précédente administration. S’agissant des relations avec la Russie, un accord a été trouvé pour prolonger de cinq ans l’accord de contrôle des armements stratégiques New Start, qui arrivait à échéance.

> Pour autant, il ne sera pas question pour les États-Unis ne revenir sur l’engagement de porter l’effort de défense à 2% du PIB et de dédier 20% des dépenses d’investissement aux équipements. Tel est le message que fera à nouveau passer Lloyd Austin, le nouveau chef du Pentagone, à l’occasion de sa première réunion avec ses homologues de l’Otan, ces 17 et 18 février.

> « Je pense que vous allez voir lors de cette conférence ministérielle un réel accent sur la revitalisation de la relation américaine avec l’alliance, un changement de ton et d’approche, et un désir de travailler avec nos alliés et partenaires », a indiqué un responsable du Pentagone, lors d’une conférence de presse donnée le 16 février. Et, désormais, il ne sera plus question pour Washington de prendre des décisions sans consulter préalablement ses alliés, contrairement à la pratique qui avait cours sous l’ère Trump.

> Si le ton va donc changer, le fond ne bougera pas. « Nous attendons de tous les alliés qu’ils respectent l’engagement » de porter leur dépenses militaires à 2% du PIB, a fait savoir l’un des responsables du Pentagone. « C’est un engagement que nous avons tous pris. Nous apprécions ceux qui ont évolué dans cette direction, et nous applaudissons cela, mais nous savons tous qu’il reste du travail à faire », a-t-il ajouté.

> Sur ce point, le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, a fait valoir de son côté que le « partage du fardeau concerne également les contributions et les capacités. » Sauf que M. Austin devrait rester inflexible sur la fameuse règle des « 3 C », à savoir « cash, capacité et contributions ». En clair, l’argent est indissociable des deux autres point. « Si nous n’investissons pas suffisamment d’argent aujourd’hui, nous ne serons tout simplement pas prêts pour les défis de demain », a fait valoir le responsable du Pentagone.

> Cette normes des 2% n’est pas très pertinente en soi. Avec les conséquences économiques de l’épidémie de covid-19 [et la chute des PIB], certains membres de l’Otan sont dans les clous sans avoir eu à augmenter leurs budgets militaires au-delà de ce qu’ils avaient prévu pour 2020. Tel est le cas de la France [pensions comprises] et celui de la Norvège.

 

 

Naval Group signe un accord avec le CNRS pour doper l’innovation en matière de construction navale

par Laurent Lagneau · 17 février 2021

> En 2016, Naval Group, qui s’appelait alors DCNS, avait conclu un partenariat avec l’Office national d’études et de recherches aérospatiales [ONERA], ce qui pouvait sembler curieux au regard des domaines d’activité de l’un et de l’autre.

> Cela étant, les recherches menées par l’ONERA n’intéressent pas seulement le secteur aérospatial. Récemment, il a ainsi été sollicité par la Direction générale de l’armement [DGA] pour livrer au Service Hydrographique et Océaographique de la Marine nationale [SHOM] des de Gravimètres Interférométriques de Recherche à Atomes Froids Embarquables [GIRAFE]. Et, en 2019, il a renforcé sa coopération avec Naval Group dans le domaine de « l’autonomie décisionnelle contrôlée des drones navals. »

> Mais, les technologies navales couvrant un grand nombre de disciplines, Naval Group et le Centre national de la recherche scientifique [CNRS] viennent de signer un accord afin de « mutualiser leur vivier de connaissances scientifiques » en matière de matériaux, d’interaction onde-matière, de mécanique des fluides ou encore d’énergie.

> « Cet accord-cadre facilitera le développement de coopérations [contrat de thèses ou de contrat de recherche] entre les laboratoires du CNRS et les équipes de recherche de Naval Group. Ce partenariat public-privé permettra d’intensifier nos efforts de recherche pour nourrir l’innovation et répondre aux grands défis industriels du naval de défense », a expliqué Pierre-Éric Pommellet, le Pdg du constructeur naval.

> Le CNRS y trouvera également son compte. Cet accord-cadre, d’une durée de quatre ans, constitue une « opportunité pour faire progresser nos connaissances dans des thématiques variées, de l’acoustique aux systèmes numériques, selon une démarche fortement pluridisciplinaire », a fait valoir Antoine Petit, son président. « Le CNRS a une longue tradition de collaboration de recherche avec les entreprises privées, qu’il importe d’intensifier pour permettre à notre économie de relever les défis scientifiques, technologiques, sociétaux et environnementaux qu’elle traverse », a-t-il ajouté.

> Cet accord va donc permettre à Naval Group d’établir des coopérations « structurées » entre des centres de recherches avec lesquels il est en lien avec des laboratoires sous tutelle du CNRS.

> Ainsi l’Institut Matériaux Microélectronique Nanosciences de Provence [IM2NP, CNRS/AMU] travaillera en lien avec le laboratoire LTISM dans le domaine du traitement de l’information sous-marine. De même que l’Institut de recherche Henri Dupuy de Lôm [IRDL, CNRS/ENSTA Bretagne/UBO/Univ. Bretagne-Sud] coopéra avec le laboratoire Gustave ZEDE sur le thème de l’intégrité en service des matériaux et des structures navales. Enfin, Le laboratoire SENI sera en relation avec le Laboratoire des sciences et techniques de l’information, de la communication et de la connaissance [Lab-STICC, CNRS/ENI Brest/ENSTA Bretagne/UBO/Univ. Bretagne-Sud/IMT Atlantique] pour les systèmes navals intelligents.

Résilience/Covid-19 : Le Service de santé des armées envoie des renforts à Mayotte

 par Laurent Lagneau · 17 février 2021

> Pour le moment, et alors que le gouvernement n’a pas décrété un nouveau confinement de la population, l’arrivée en France métropolitaine de variants du SARS-Cov-19 [le coronavirus à l’origine de la covid-19, ndlr] n’a pas entraîné une explosion du nombre de malades. Et selon les derniers chiffres, le taux d’incidence tend à baisser, parfois dans des proportions importantes dans certain départements.

> Cependant, cette situation cache des disparités, comme dans les Alpes-Maritimes, où le taux d’incidence a augmenté de 6,35% sur sept jours, pour s’établir à 491 cas pour 100.000 habitants ou encore comme dans le Pas-de-Calais [+22.24%, avec 251,24 cas pour 100.000 habitants].

> Outre-Mer, c’est la situation de Mayotte qui nourrit les inquiétudes. Avec un taux d’incidence s’établissant à 600 cas pour 100.000 habitants au début du mois, l’archipel n’a pas échappé à un nouveau confinement. Et, dans le cadre de l’opération Résilience, et afin de renforcer les capacités – limitées – en réanimation de l’hôpital de Mamoudzou, le seul du département, le ministère des Armées y a envoyé un Module Militaire de Réanimation [MMR], armé par 31 militaires du Service de santé des Armées [SSA] et 8 du Régiment Médical [RMED] de l’armée de Terre.

> Depuis, la situation s’est encore dégradée, avec un taux d’incidence désormais supérieur à 800 cas pour 100.000 habitants. Ce qui contraint le SSA a y envoyer de nouveaux renforts.

> Ainsi, annonce le ministère des Armées, le 16 février, 14 militaires du SSA, dont 2 médecins réanimateurs et 12 soignants, ont été « projetés » à Mayotte afin de pouvoir porter à 10 le nombre de lits de réanimation du MMR précédemment déployé auprès de l’hôpital de Mamoudzou, lequel accueille actuellement 165 malades de la covid-19, dont 29 en réanimation et 64 en soins aux urgences.

> Dans le même temps, « Le Malin », patrouilleur de la Marine nationale, a acheminé à Mayotte 30 bouteilles et deux palettes de concentrateurs d’oxygène afin de renforcer les moyens médicaux. Le navire a également reçu pour mission de renforcer, durant quelques jours, le dispositif de contrôle aux frontières, c’est à dire de surveiller les mouvement de Kwassas Kwassas [canots de pêche rapides] en provenance des Comores.

> En effet, la lutte contre l’immigration illégale est un autre aspect des mesures prises contre la pandémie. Ainsi, le 11 février, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, et celui des Outre-Mers, Sébastien Lecornu, ont annoncé le renforcement des forces de sécurité intérieure, avec l’envoi de 20 policiers supplémentaires, lesquels viendront s’ajouter aux deux pelotons de gendarmerie mobile déployés depuis la fin janvier.

> En outre, poursuit le communiqué publié à cette occasion, « afin de lutter contre l’immigration illégale, qui fait peser un poids supplémentaire sur le système social de Mayotte, déjà fortement sollicité par la reprise de l’épidémie Covid-19, les ministres ont décidé du maintien en continu de trois intercepteurs des forces de sécurité intérieure grâce à l’arrivée de personnels qualifiés depuis l’Hexagone – gendarmes et policiers. Ces moyens de surveillance et d’interception des kwassas viennent se rajouter aux moyens prévus dans le cadre de l’opération Shikandra sur la terre et dans les airs, à travers une surveillance aérienne de la zone maritime au large de Mayotte, mise en place par le préfet. »

> Enfin, une mission d’évaluation de la Sécurité civile a été envoyée à Mayotte pour « étudier la mise en place d’un Élément de Sécurité Civile Rapide d’intervention Médicale [ESCRIM], afin de renforcer les capacités hospitalières en cas de saturation des hôpitaux, notamment en soins intensifs. » Et d’ajouter : « Les personnels de la sécurité civile pourront également accompagner les populations les plus fragiles et les plus touchées par la circulation du virus dans l’île. »

Décès du médecin-colonel Jacques Gindrey, ancien résistant et chirurgien de l’impossible à Dien Bien Phu

par Laurent Lagneau · 17 février 2021

> Pendant 57 jours et 57 nuits, au fond d’un boyau obscur, dans la boue et sous les tirs de l’artillerie vietminh, il aura soigné et opéré les soldats blessés de Dien Bien Phu : le médecin-colonel Jacques Gindrey s’en est allé en ce début de mois de février. Ses obsèques viennent d’être célébrées dans l’intimité, a annoncé sa famille.

> Né le 23 février 1927 à Thorey-sous-Charny [Côte d’Or], Jacques Gindrey rejoint l’une des six Écoles militaires préparatoires [c’est à dire les enfants de troupe] après l’école primaire. Puis survient la guerre. Élève de seconde à l’École Militaire Préparatoire d’Autun, il suit les pérégrinations de cette dernière, qui finit par s’installer à Valence [Drôme] puis, en septembre 1943, au camp de Thol, dans l’Ain, où était stationné le 10ème Bataillon de chasseurs à pieds.

> En mai 1944, une cinquantaine d’élèves, encouragés par certains de leurs professeurs, prennent le maquis et constituent le « camp d’Autun », commandé par l’aspirant Signori, dit « Mazaud ». Et Jacques Gindrey, qui rongeait son frein depuis plusieurs mois, est l’un d’eux. Le 6 juin, les jeunes maquisards sabotent 52 locomotives en gare d’Ambérieu.

> Seulement, le 10 juillet, lors d’une opération allemande sur l’axe Neuville-sur-Ain/Cerdon/Maillat, cinq élèves seront tués et cinq autres blessés, dans Jacques Gindrey, gravement touché aux jambes. Avec un de ses camarades, il est hospitalisé à Nantua puis à Bourg-en-Bresse, dans l’attente d’être jugé. Mais il n’y aura pas de procès. Grâce au médecin-colonel Manchet, qui falsifie les courbes de températures, les deux jeunes hommes resteront alités jusqu’à la libération.

> Après la guerre, Jacques Gindrey retrouve son école [les élèves maquisards qui en avaient été exclus sont réintégrés sur l’ordre du général de Gaulle]. Puis, après un passage au Prytanée, il décide de rejoindre l’École du Service de Santé Militaire [ESSM] de Lyon. Après un stage à l’école de médecine tropicale du Pharo, à Marseille, il embarque pour l’Indochine, à l’automne 1953. Sans tarder, et après avoir exercé à l’hôpital Grall, le 17 février 1954, il est affecté à l’antenne chirurgicale mobile [ACM] 44 du médecin-commandant Paul-Henri Grauwin à Dien Bien Phu. Soit un mois avant le début d’une bataille qui durera 57 jours.

> L’afflux massif des blessés qu’on ne peut plus évacuer [tout ce qui portait une croix rouge était systèmatiquement visé, racontera le médecin-colonel Hantz, qui nous a quittés en janvier] et qu’il faut « trier », la boue jusqu’aux chevilles, le manque de médicaments et d’équipements médicaux, le fracas des combats avec le risque permanent d’être soufflé par un obus… Les médecins et les infirmiers de Dien Bien Phu auront tenté l’impossible, effectuant des gestes opératoires avec les moyens du bord.

> Après la chute du camp retranché, 858 grands blessés purent être évacués… Sur les 10.000 survivants qui connurent les camps de « rééducation » vietminh, seulement 2.500 survivront aux privations et mauvais traitement imposés par les « canbô » [commissaires politiques] ainsi qu’aux maladies [qui en étaient souvent les conséquences]. Et Jacques Gindrey en fera partie. « La guerre est une ignominie. La pire des choses », dira-t-il.

> Après l’Indochine, il poursuivra sa carrière de médecin militaire en Algérie et à Madagascar. Puis, ayant quitté l’uniforme, il entamera une seconde vie à la Clinique Notre-Dame de Vire, où il exercera la chirurgie réparatrice entre 1971 et 1989. Dans le même temps, il s’occupera de bonnes oeuvres, en fondant, à Vire, l’association « Entraide et Solidarités », pour venir en aide aux chômeurs.

> Caporal d’honneur de la Légion Étrangère, le médecin colonel Jacques Gindrey était commandeur dans l’ordre de la Légion d’honneur et officier dans l’ordre national du Mérite. Il était également titulaire de la Croix de guerre 1939-1945 avec étoile de bronze, de la Croix de guerre des TOE avec palmes et de la Croix du combattant volontaire de la Résistance.

 

 

Patrice Huiban: «Le syndrome du Second Empire plane sur nos armées»

17 Février 2021 à 08h57

Une tribune d’un ancien officier de l’armée de terre, 150 après la défaite de 1871.

15 Février 2021

Patrice Huiban est un ancien officier de l’armée de Terre. Haut-fonctionnaire, il enseigne l’Economie de la défense à Sciences Po et milite au sein du parti Objectif France de Rafik Smati et Bertrand Soubelet.

> Depuis de nombreuses années, nos forces armées interviennent plus qu’efficacement aux quatre coins du globe, faisant l’admiration de nos alliés, la France étant l’un des rares pays à pouvoir projeter un système de forces complet à des milliers de kilomètres de ses bases. Avec moins de 5 000 hommes, notre pays contient les poussées islamistes au Sahel, fixe une partie de ses ennemis et ceux de l’Occident loin de nos terres sur une superficie équivalente à celle de l’Europe, soit un rapport coût-efficacité exceptionnel.

> Mais ces actions admirables cachent une situation critique pour nos armées et laissent entrevoir le spectre inquiétant du Second Empire où des forces expéditionnaires aguerries n’ont pu faire face à la résurgence d’une menace majeure nécessitant de mobiliser des moyens en masse.

> A l’heure du retour des Etats-puissance, la France n’est en effet pas prête à un conflit d’ampleur face à une armée conventionnelle classique bien équipée, ce que les spécialistes appellent un conflit « symétrique ».

> Aujourd’hui, si notre force opérationnelle terrestre (FOT) de 77 000 hommes, renforcée suite aux attentats de 2015, est sur le papier capable de tenir la dragée haute aux 100 000 hommes véritablement opérationnels de l’armée de terre russe, Moscou dépensant autant que Paris pour sa défense avec des effectifs au moins trois fois supérieurs, il n’en est rien dans les faits.

> Tout d’abord par la faiblesse du niveau de préparation opérationnelle de nos armées qui sont marquées par un suremploi et un sous entraînement, embolisées, notamment, par les déploiements de Sentinelle au rapport coût-efficacité discutable. Depuis le lancement de cette opération dite « intérieure », mobilisant jusqu’à 10 000 militaires quotidiennement, la cible de 90 jours de préparation opérationnelle par soldat de l’armée de Terre n’a plus été atteinte, stagnant à 80 jours. De même, les nouvelles normes d’entraînement prévues, destinées à évaluer la capacité des équipages sur cinq matériels majeurs en service dans les forces terrestres - Leclerc, AMX 10RCR, VBCI, VAB et CAESAR - n’ont été réalisées qu’à 57 % en 2019. Or, l’efficacité d’une armée en opérations, qui plus est dans un conflit majeur, est d’abord le fruit de la résilience de ses petites unités, des groupes primaires au sens sociologique, là où tout le monde se connaît et partage le même quotidien. Or, cette résilience ne se décrète pas le jour du péril venu, quels que soient le soutien de la population et la motivation initiale des troupes. Elle se forge à travers des entraînements exigeants qui permettent aux individus de se connaître individuellement et collectivement comme de développer leur confiance en eux, en leur unité, à travers la maîtrise parfaite de systèmes d’armes de plus en plus complexes nécessitant un haut niveau de coordination. N’oublions jamais cette citation de Napoléon rappelant qu’ « À la guerre les trois quarts sont des affaires morales ; la balance des forces réelles n’est que pour un autre quart. », la sueur lors des entraînements épargnant le sang et le défaitisme lors des combats.

> Ce sous entraînement chronique est aggravé par le manque de disponibilité des matériels, notamment les hélicoptères de manœuvre et les avions de transport dont à peine plus d’un sur deux est en état de voler ou les véhicules blindés de transport de troupes et de combat d’infanterie dont un sur trois ne peut sortir des hangars.

> Cette situation est le fruit d’un sous-investissement récurrent du pays dans sa défense, pourtant assurance-vie de la Nation. Cette situation est d’autant plus incompréhensible que tous les économistes s’accordent sur le fait qu’un euro investi dans les forces armées rapporte à l’économie nationale entre un et deux euro(s), à court comme à long termes, grâce à une base industrielle et technologique de défense (BITD) performante, aux emplois très peu délocalisés et à forte intensité technologique, ce qui irrigue en aval beaucoup de secteurs d’activité dans une logique keynésienne toujours ici opérante. Nous sommes ainsi passés d’un effort de 5 % du produit intérieur brut (PIB) au début des années 60 à 1,8 % aujourd’hui. Si des déclarations ambitieuses sont régulièrement effectuées par les gouvernements successifs, notamment lors de la définition des lois de programmation militaire (LPM) quinquennales, laissant à penser aux citoyens que les efforts sont consentis et qu’ils sont bien défendus, le compte n’y est pas. Les lois de finances annuelles rabotent systématiquement les trajectoires prévues à tel point qu’aucune loi de programmation n’a été respectée depuis 1985 ! Et celle en cours 2019-2025 n’échappera vraisemblablement pas à la règle, l’essentiel des ressources additionnelles étant prévues à compter de… 2023. Tous les 5 ans, c’est ainsi une année d’investissement en équipements qui est perdue, soit une dizaine de milliards d’euros. Non seulement nos armées disposent de matériels vieillissants dont le coût d’entretien explose, mais les décalages successifs dans les livraisons de matériels neufs augmentent le coût unitaire de chacun, les coûts fixes des chaînes de montage des industriels perdurant, ces deux phénomènes ne faisant qu’accentuer la pression budgétaire. Ainsi, le coût unitaire des frégates multimissions (FREMM) de la Marine nationale a-t-il augmenté de 67 % entre la commande initiale et aujourd’hui, le volume étant passé de 17 exemplaires à 8 à coups d’étalements successifs des livraisons.

> Si la tendance actuelle se poursuit, nous passerons d’une baisse conjoncturelle de l’effort de défense, récurrente dans l’Histoire au gré des tensions géopolitiques, à un déclin structurel qui met en péril notre souveraineté dans son essence même, soit notre liberté en tant que peuple. La différence entre ces deux notions ? Dans un premier cas, on limite le volume et/ou l’engagement de nos forces sans compromettre nos capacités à les régénérer sur court préavis, soit le maintien de capacités industrielles et de compétences technico-tactiques, dans l’autre, on renonce à des pans entiers de notre assurance-vie qui ne peut être que tous risques, nos adversaires profitant de toutes les failles d’une police d’assurance au tiers. Pourquoi ? Parce que, n’ayant plus la maîtrise technologique pour concevoir et produire toute la palette des systèmes d’armes nécessaires pour faire face à l’éventail des menaces, nous devenons dépendants d’éventuels alliés de circonstance. Aujourd’hui, alors que la branche énergie d’Alstom, qui fabrique les turbines de nos sous-marins nucléaires et du porte-avions Charles de Gaulle, est passée sous pavillon américain, pourrions-nous encore nous opposer à Washington comme en 2003 alors que notre effort de défense était indépendant de la bonne volonté des Etats-Unis ? Si quelques années de négligence suffisent à remettre en cause une défense autonome et crédible, il faut au moins une génération pour retrouver les compétences et les capacités pour concevoir puis produire des systèmes d’armes de pointe. Ainsi, 30 ans après la chute de l’Union soviétique, la Russie de Poutine ne parvient toujours pas à recouvrer son autonomie stratégique en dépit des discours nationalistes et d’efforts financiers colossaux, le budget de la défense russe ayant augmenté de plus de 200 % depuis 2000. Pour preuve, la mort dans l’âme, Moscou a dû consentir à l’achat de deux bâtiments de projection et de commandement (BPC) à la France, membre de l’OTAN, en 2010, avant que cette vente ne soit annulée en 2015 par Paris suite à l’invasion de la Crimée par les forces russes. La Russie paie encore les conséquences dix ans de relâchement de son effort de défense.

> La France entame ainsi aujourd’hui de funestes choix qui remettent en cause notre capacité de défense « tous azimuts » pendant que les périls montent et qu’il n’y a plus de frontières aux menaces. Alors qu’un effort salutaire a été consenti pour doter les armées françaises de capacités offensives dans ce nouveau champ de bataille qu’est le cyberespace, effort qui reste à décliner sur le terrain tant les systèmes d’armes sont aujourd’hui digitalisés au plus bas niveau tactique, nos forces conventionnelles pâtissent toujours de trous capacitaires en cas d’engagement majeur. Si nos militaires sont enfin équipés en drones armés et de surveillance, ils dépendent toujours du bon vouloir de Washington au Sahel, notamment en matière de transport aérien tant stratégique que tactique, tout cela pour un déploiement, rappelons-le, de moins de 5 000 hommes. Si la livraison des dernières FREMM est prévue à l’horizon 2025, à supposer qu’aucun coup de rabot n’intervienne dans l’intervalle, notre Marine manque cruellement de moyens pour contrôler notre zone économique exclusive (ZEE) de 11 millions de km2, la deuxième au monde, soit de patrouilleurs hauturiers, le programme qui figurait dans la LPM 2014-2019 ayant été reporté faute de moyens. Or, les enjeux sont colossaux, tant géopolitiques qu’économiques, nos fonds marins abritant des ressources considérables et stratégiques au XXIe siècle, aiguisant les convoitises, comme les fameuses « terres rares » nécessaires à notre monde de plus en plus digitalisé, mais aussi environnementaux, la France abritant, en grande partie grâce à cette ZEE, 10 % de la biodiversité mondiale.

> Face au tragique du monde et aux enseignements de notre passé, gardons en mémoire qu’un relâchement de notre effort de défense se paie tôt ou tard très cher, par un asservissement et tant de sueur, de sang et de larmes pour tenter de recouvrer notre indépendance. La responsabilité d’hommes et de femmes d’Etat qui pensent à la prochaine génération avant la prochaine élection est de préparer en permanence l’imprévu comme l’impensable, soit de préparer un « conflit de survie » engageant toutes les forces vives du pays à commencer par nos forces militaires. Notre liberté n’a pas de prix. « La défense ! C’est la première raison d’être de l’État. Il n’y peut manquer sans se détruire lui-même. » affirmait Charles de Gaulle.

17.02.2021

La Nouvelle-Zélande a annoncé ce mercredi le retrait de ses derniers militaires d’Afghanistan en mai prochain, mettant un terme à deux décennies de présence militaire. 

"Après 20 ans de présence des Forces de défense néo-zélandaises (NZDF) en Afghanistan, il est maintenant temps de mettre fin à notre déploiement", a annoncé la Première ministre Jacinda Ardern dans un communiqué. Elle a estimé que le processus de paix, en cours à Doha, représentait la meilleure perspective de solution politique durable au conflit afghan, et que la présence des forces néo-zélandaises n’y était plus nécessaire.

Quelque 3 500 Néo-Zélandais ont servi en Afghanistan depuis 2001, dont des forces spéciales, des équipes de reconstruction et des formateurs. Mais cette présence militaire a été progressivement réduite ces dernières années et ne comptait depuis juin 2019 que six personnes – trois à l’académie afghane de formation des officiers et trois au quartier général de l’Otan.

Dix soldats néo-zélandais sont morts en Afghanistan.

Lu dans Ouest-France de ce 17 février, un sujet sur la déconstruction des sous-marins Agosta:

 

Avec Photonis, la France réussit son crash test sur la souveraineté industrielle

> Bercy et le ministère des Armées s’étaient opposés au rachat par un groupe américain de la PME Photonis qui fournit des technologies sensibles aux forces françaises. En l'absence d'une reprise par un industriel, la pépite va être rachetée par le fonds d’investissement HLD Europe.

> Hassan Meddah

17 février 2021 \ 07h00

© Photonis

Photonis développe des technologies de vision nocturne pour les armées françaises. L'Etat s'était opposé à son rachat par le groupe américain Teledyne afin de protéger "les intérêts stratégiques de la France",

 

Le dernier numéro

> Le gouvernement en avait une affaire de défense de ses intérêts stratégiques. Après près d’un an d’une bataille politique et économique, elle a enfin trouvé une solution de reprise nationale pour la PME Photonis, considérée comme un fournisseur stratégique des armées françaises. Mise en vente par le groupe Ardian, elle avait été fortement convoitée par le groupe américain Teledyne. Finalement, la société basée à Brive (Corrèze) va être reprise pour 370 millions d’euros par le fonds d’investissement HLD Europe qui compte parmi ses actionnaires les familles Decaux, Dentressangle ainsi que Claude Bébéar.

 Culture et réseaux sociaux

 

Emmanuel Macron et sa ministre Françoise Nyssen soutiennent en 2018 un projet européen de réforme du droit d'auteur et des droits voisins pour la rétribution des auteurs et des créateurs, ainsi que des entreprises de presse, face à l'émergence des GAFAM294. Ce projet est notamment soutenu par les éditeurs de presse, dont les contenus sont réutilisés par des agrégateurs d’informations comme Google Actualités mais qui ne peuvent prétendre à rémunération, cette réutilisation se faisant dans le cadre du droit de citation295,296,297. Le Parlement européen adopte le projet, qui est cependant critiqué sur deux points clés. Pour ses détracteurs, l’article 11, créerait un nouveau « droit voisin » (droit à rémunération) au bénéfice des sites de presse, qui conduirait à créer une « taxe sur les liens » qui pourrait pénaliser l’ensemble des échanges d’information sur internet, et l'article 13 obligerait les plateformes à passer en amont des accords avec les ayants droit et à mettre en place des algorithmes de filtrage des contenus298. Jusqu'à présent, les plateformes comme YouTube étaient tenues de réagir rapidement mais à postériori, une fois le contenu litigieux contesté. Désormais, les vidéos ou chansons protégées devront être détectées par un filtrage automatique pour empêcher leur diffusion, avec le risque que le filtre bloque aussi des contenus non concernés296, comme un extrait audio venant illustrer une vidéo de critique musicale299. La directive va encore faire l'objet de négociations au niveau européen et le texte final résultant devra à nouveau passer au Parlement européen pour un dernier vote297.

 

Après son discours de Ouagadougou (Burkina Faso) en novembre 2017, où il souhaitait créer « d’ici cinq ans les conditions soient réunies pour des restitutions temporaires ou définitives du patrimoine africain » « spolié », Emmanuel Macron commande un rapport à Bénédicte Savoy et Felwine Sarr qui inventorie ces œuvres et propose d'amender la législation sur l’inaliénabilité du patrimoine muséal. Lors de la remise de leur travail en novembre 2018, il annonce vouloir restituer « sans tarder » 26 œuvres saisies par l’armée française en 1892 et réclamées par le Bénin300.

 

Le 20 mars 2018, Emmanuel Macron annonce que la future Cité de la francophonie sera installée dans le château de Villers-Cotterêts d'ici 2022 et doit s'inscrire dans sa stratégie internationale de promotion du français à l'étranger301. Après le départ de Françoise Nyssen en octobre 2018, le nouveau ministre Franck Riester a une relation plus apaisée avec le monde de la culture, mais les grands chantiers et les principales nominations sont décidées à l'Élysée, alors que la généralisation du pass Culture (seulement 25 000 inscrits en octobre 2019302) reste incertaine303.

 

En mai 2020, la proposition de loi contre « la haine en ligne » de la députée Laetitia Avia est adoptée par le Parlement. Dès juillet 2020, les plates-formes et les moteurs de recherche auraient dû retirer, sous vingt-quatre heures, les contenus « manifestement » illicites (incitations à la haine, la violence, les injures à caractère raciste ou religieux) qui leur ont été signalés, sous peine de lourdes amendes304. En juin, le Conseil constitutionnel censure les principales dispositions de la loi, les estimant contraires à la liberté d’expression305.

 

Questions mémorielles

 

Déjà annoncée en 2016 par François Hollande, Emmanuel Macron promet 27 avril 2018 la mise en place d'ici la fin de l'année d'une « fondation pour la mémoire de l’esclavage » qui sera présidée par l’ancien premier ministre Jean-Marc Ayrault et logée à l’Hôtel de la Marine, où l’abolition de l’esclavage fut décrétée le 27 avril 1848306.

 

En septembre 2018, Emmanuel Macron reconnaît la responsabilité de l’État dans la disparition du mathématicien Maurice Audin torturé et assassiné par l’armée française pendant la bataille d'Alger en 1957307. Le même mois, une vingtaine de harkis sont élevés dans l'ordre de la Légion d’honneur ou l’ordre du Mérite308. En août 2019, à l'occasion du 75e anniversaire du débarquement de Provence, Emmanuel Macron appelle les maires à donner le nom de voies à des soldats des troupes coloniales309.

 

Sports

 

Emmanuel Macron affiche publiquement son soutien à la candidature de Paris pour l'organisation des Jeux olympiques d'été de 2024 en recevant le Comité international olympique lors de son passage à Paris le 16 mai 2017310. La France est désignée pour l'organisation des JO en 2024311.

 

Au second semestre 2018, l'exécutif est contesté par le monde sportif et des athlètes reconnus (Kevin Mayer,Teddy RinerMartin Fourcadeetc.) pour son intention de réduire les moyens alloués aux fédérations, notamment en se retirant de la prise en charge des 1 600 conseillers techniques sportifs d'ici 2022 et en proposant un projet de loi de finances pour 2019 prévoyant un budget en baisse de 30 millions d’euros pour le ministère des sports312.

 

Politique étrangère

 

Élu avec de fortes ambitions diplomatiques, Emmanuel Macron est confronté à des difficultés intérieures à partir de 2018 (affaire Benallamouvement des Gilets jaunes) qui compliquent son rôle sur la scène internationale[réf. nécessaire]. Dans le même temps, certains paris de la première année de mandat ne se concrétisent pas, notamment la relation un temps nouée avec Donald Trump, qui n'empêche pas ce dernier de rejeter le multilatéralisme et l'enjeu climatique313. Ainsi, en décembre 2018, la France réagit « tardivement et confusément », selon le journaliste du Monde Marc Semo, à l'annonce du retrait américain de Syrie313. Pour le chercheur de l'IFRI Thomas Gomart, « le contraste entre la hausse des crédits militaires et la baisse des crédits diplomatiques pose un problème de cohérence à l'action extérieure de l'État, pouvant donner l’impression que celui-ci privilégie une approche militaire et ponctuelle des crises »313.

 

En août 2019, Emmanuel Macron accueille le sommet du G7 à Biarritz314. Il organise, avec l'aval des autres membres, la venue inattendue du ministre iranien des Affaires étrangèresMohammad Djavad Zarif, afin de conserver l'esprit de l'accord de Vienne sur le nucléaire iranien et faire baisser les tensions dans le Golfe persique315. Le sommet est également marqué par de vifs échanges avec le président brésilien, Jair Bolsonaro316.

 

Union européenne

 

Pour sa première visite à l’étranger, il se rend à Berlin afin d’afficher une entente avec Angela Merkel317,318 ; la chancelière allemande apparaît alors comme étant sa principale alliée au sein de l’Union européenne sur les questions économiques et migratoires319. Deux ans plus tard, en mai 2019, Angela Merkel évoque publiquement des « confrontations », des « désynchronisations » et des « différences de mentalité » avec Emmanuel Macron, qui est pourtant le quatrième président français avec qui elle est amenée à travailler320.

 

Durant sa première année de présidence, Emmanuel Macron voit plusieurs de ses propositions être écartées. En avril 2018, Angela Merkel s’oppose publiquement à son souhait de doter la zone euro d'une capacité budgétaire, la chancelière allemande voyant dans ce projet le risque que les pays du Sud de la zone relâchent leur effort budgétaire321. Sur la crise migratoire, il fait face à l’opposition de plusieurs pays européens hostiles à l’accueil de migrants, dont l’Italie, la Hongrie, la Pologne, la République tchèque et l’Autriche322,323,324. Il échoue également à établir des listes transnationales aux élections européennes325. Au cours de l’année 2019, Le Figaro relève : « Le budget de la zone euro ? Certes, il va voir le jour mais il a été réduit à la portion congrue. Pas question à ce stade de se doter d’un outil de stabilisation de la zone euro en cas de crise. Ce ne sera qu’un outil de convergence. La taxe sur les géants du numérique ? Jamais les Européens ne sont parvenus à se mettre d’accord sur ce projet cher à la France. Le Brexit ? La France, qui plaidait pour un report court, s’est retrouvée totalement isolée au Conseil européen d’avril [2019]. Comme elle l’a été sur les négociations commerciales avec les États-Unis, Washington étant sorti de l’accord de Paris. »326.

 

Engagé lors de la présidentielle sur la lutte contre le dumping social, symbolisé par le travailleur détaché, Emmanuel Macron cherche dès le début de son mandat à réduire le temps maximum du détachement à un an au lieu de deux et il obtient début 2018 un compromis : la revue Contexte souligne que celui-ci était « perçu comme inatteignable » et qu'il se voit « salué par une bonne partie de la presse française ». Cependant, « la mesure est avant tout symbolique, la durée moyenne de détachement dans l’UE étant de quatre mois […] Et surtout, pour obtenir cette victoire, Paris a dû concéder l’exclusion provisoire du transport routier de la réforme. Or, il s’agit de l’un des secteurs, avec le bâtiment, où la fraude au détachement est la plus problématique »327.

 

L'Allemande Ursula von der Leyen est nommée présidente de la Commission européenne avec le soutien de la France.

 

Début 2018, Emmanuel Macron échoue à faire adopter le principe de listes transnationales pour les élections européennes de 2019328. En vue de ce scrutin, il se positionne en héraut de l'intégration européenne en opposition avec l'axe nationaliste formé par le premier ministre hongrois Viktor Orbán et le ministre de l'intérieur italien Matteo Salvini82. France et Italie sont en conflit récurrent sur l'accueil de réfugiés secourus en Méditerranée82. Fin 2018, la France ne parvient pas non plus à dégager un consensus pour une taxation des GAFAM329.

 

Il provoque plusieurs crises diplomatiques avec les pays d’Europe centrale et orientale. Le 25 août 2017, des déclarations d'Emmanuel Macron déclenchent une crise diplomatique avec la Pologne330,331,332. Alors qu’il affirme vouloir modifier le statut des travailleurs détachés, contre la volonté du gouvernement polonais, le président français déclare que « la Pologne n'est en rien ce qui définit le cap de l'Europe » et que « le peuple polonais mérite mieux » que la position adoptée par sa présidente du Conseil des ministres, Beata Szydło331. En retour, celle-ci dénonce l'« arrogance » du président français, ajoutant qu'il devrait essayer d'« avoir les mêmes résultats économiques et le même niveau de sécurité de ses citoyens que ceux garantis par la Pologne »331. Fin 2018, il qualifie les dirigeants hongrois et polonais d’« esprits fous » qui « mentent à leur peuple »333. L'opposition entre Emmanuel Macron et Viktor Orbán est soulignée par les médias, qui indiquent qu'ils essaient de reconfigurer la vie politique européenne autour de leurs figures respectives334. Dans le cadre de la procédure de retrait du Royaume-Uni de l'Union européenne, le président français se montre parmi les plus intransigeants, ce qui l’isole au sein des dirigeants européens et fait dire à la presse britannique qu'il est le principal responsable de l’enlisement des négociations entre le Royaume-Uni et l’UE335,336,337.

 

En vue des élections européennes de 2019, il fait publier une tribune dans les 28 pays de l’UE, mais celle-ci reçoit un accueil mitigé : la Commission européenne rappelle que plusieurs des propositions du président français sont déjà en place tandis que plusieurs États jugent ses mesures confuses ou irréalistes338,339,340. Par la suite, en juin et juillet 2019, alors que l’influence française se trouve réduite au sein de la neuvième législature du Parlement européen, il fait en sorte d’écarter de la course à la présidence de la Commission européenne la candidature de Manfred Weber, pourtant désigné spitzenkandidat par le PPE, arrivé en tête du scrutin326. Cette attitude lui vaut des critiques sur sa conception de la démocratie européenne et les reproches de plusieurs de ses partenaires européens, notamment de l’Allemagne et de la Belgique, sur une gestion jugée peu diplomatique et solitaire326. Le 10 octobre 2019, fait inédit pour la France, le Parlement européen s'oppose à la nomination au sein de la commission von der Leyen de Sylvie Goulard, qu'Emmanuel Macron avait proposée pour devenir commissaire européenne alors qu'elle est soupçonnée d'emplois fictifs et de conflit d'intérêts341,342. La France parvient finalement à la faire remplacer par l’ancien ministre et homme d’affaires Thierry Breton343. Selon le journaliste François Clemenceau, la confirmation d'Ursula von der Leyen est un succès pour la présidence française344.

 

États-Unis

 

Emmanuel Macron lors de sa visite aux États-Unis en avril 2018.

 

 

Malgré ses divergences avec Donald Trump (notamment concernant l'accord de Paris sur le climat), Emmanuel Macron tisse des liens avec ce dernier en l'invitant au défilé militaire du 14 Juillet en 2017. En retour, le président américain invite son homologue français en visite d'État aux États-Unis l'année suivante, en avril 201875, où il ne parvient pas à la convaincre de ne pas se retirer de l'Accord de Paris sur le climat ni de l’accord de Vienne de juillet 2015 sur le nucléaire iranien345,346. Au-delà de ces deux accords multilatéraux majeurs, la présidence américaine s'affirme dans une volonté de fracturer l'Union européenne346.

 

Proche-Orient

Dans un entretien accordé mi-juin à la presse européenne, Emmanuel Macron déclare : « Je n'ai pas énoncé que la destitution de Bachar était un préalable à tout ». En ne faisant plus du départ de Bachar el-Assad du pouvoir un préalable à toute discussion en Syrie ou éventuellement sous la forme d'une transition politique, le président français effectue un revirement par rapport aux positions précédentes de la France et un rapprochement avec la Russie347. Il réaffirme cependant son soutien à l'opposition syrienne348,349.

 

Le 17 décembre 2017, Emmanuel Macron affirme dans une interview pour France 2 que la guerre contre l'État islamique est presque gagnée : « On vient de gagner la guerre en Irak, avec la coalition. [...] Je pense que d'ici mi-, fin février, nous aurons gagné la guerre en Syrie350 ». Concernant le président syrien Bachar el-Assad, il déclare qu'il faudra lui « parler », tout en ajoutant qu'il devra « répondre de ses crimes devant son peuple et devant la justice internationale »351,352. Mais le lendemain, Bachar el-Assad répond à Emmanuel Macron et déclare que « la France a été le fer de lance du support du terrorisme en Syrie. Depuis les premiers jours, ils ont le sang des Syriens sur les mains. A ce jour, leur position n'a pas dramatiquement évolué. Ils ne sont pas en mesure d'appeler à une conférence de paix »353,354. Le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian réplique à son tour dans la soirée : « M. Bachar el-Assad ne me semble pas vraiment en situation de pouvoir affirmer une prise de position politique tant qu'il est dépendant de la Russie et de l'Iran. Ensuite, quand on a été le premier à libérer (de prison) les djihadistes de Daech, on ne donne pas de leçon. Et enfin, quand on a passé son temps à massacrer son peuple, on a généralement un peu plus de discrétion »355,356.

 

Peu après son arrivée au pouvoir, Emmanuel Macron déclare également que l'utilisation d'armes chimiques en Syrie serait une « ligne rouge » qui, si elle était franchie, ferait l'objet d'une «riposte immédiate»357. En mars 2018, Olivier Lepick, spécialiste des armes chimiques déclare : « Je ne comprends pas la logique que poursuit le président français. Ni pourquoi il s’entête à évoquer cette ligne rouge, sans rien faire par ailleurs. Quand Emmanuel Macron a évoqué pour la première fois la ligne rouge, c’était dans l’euphorie de sa campagne présidentielle victorieuse. Mais depuis, le régime a utilisé l’arme chimique à des dizaines de reprises. Et la France n’a pas réagi »358. Après à l’attaque chimique supposée de samedi 7 avril 2018 à Douma, ville de la Ghouta orientale à l’est de Damas, la France participe le 13 avril avec les États-Unis et la Grande-Bretagne à des bombardements aériens frappant des sites désignés comme participant à la fabrication d'armes chimiques359. Le 29 mars 2018, dans le contexte de la bataille d'Afrine, Emmanuel Macron reçoit une délégation des Forces démocratiques syriennes à l'Élysée360. Avec son prédécesseur François Hollande, il est le seul chef d'État à recevoir des représentants des forces kurdes syriennes361. Cette visite provoque des tensions avec la Turquie, qui refuse l'offre de médiation faite par le président français362,363. En mars 2019, le dernier réduit territorial de Daesch en Syrie tombe364, mais le Gouvernement décide de ne pas rapatrier les djihadistes français, probablement sous la pression de l'opinion publique selon Libération365. Les tensions avec la Turquie s'approfondissent en 2019, ce qui conduit Emmanuel Macron à déclarer l'OTAN en situation de « mort cérébrale », puis à nouveau en 2020 avec l'investissement militaire d'Ankara en Libye aux côtés du gouvernement de Fayez el-Sarraj quand Paris est proche du général Haftar366. Des tensions se font sentir de nouveau quand la Turquie envoie des navires militaires dans les eaux territoriales de l'île grecque de Kastellórizo ; cette action est officiellement revendiquée par la Turquie. En réaction, la France dépêche deux avions Rafale sur des bases proches pour soutenir la Grèce367.

 

Emmanuel Macron soutient avec constance le régime saoudien malgré la guerre menée au Yémen et son blocus du Qatar. En novembre 2017, il sauve la face de la diplomatie saoudienne en permettant le retour dans son pays du premier ministre libanais Saad Hariri368. En août 2018, la France ne se solidarise pas avec le premier ministre canadien Justin Trudeau dans la crise diplomatique l'opposant à l'Arabie saoudite générée par un tweet de la ministre canadienne des Affaires étrangères qui s’inquiétait du sort de féministes et de « pacifistes » incarcérés en Arabie saoudite368. Après le meurtre en octobre 2018 du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, critique du pouvoir de son pays, par des responsables saoudiens proches du prince héritier Mohammed ben Salmane, Emmanuel Macron refuse de sanctionner l'Arabie saoudite368. Après l'assassinat en Irak par un drone américain du général iranien Qassem Soleimani, Emmanuel Macron réaffirme son « entière solidarité avec nos alliés face aux attaques perpétrées ces dernières semaines contre les emprises de la coalition en Irak »369.

 

Après les meurtrières explosions au port de Beyrouth en août 2020, Emmanuel Macron y tient un discours réclamant des réformes et de la transparence de la part du gouvernement libanais370 et organise une conférence internationale de dons au Liban371.

 

Russie

 

Emmanuel Macron avec le président de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine, en mai 2018.

 

Le 29 mai 2017, il reçoit au château de Versailles le président russe Vladimir Poutine372, qui en retour l'invite en mai 2018 à Saint-Pétersbourg345.

 

Malgré de nombreux points de tension, notamment sur la Syrie et l’Ukraine — il réaffirme notamment que la France ne reconnaît pas l'annexion de la Crimée par la Russie —, Emmanuel Macron cherche à rapprocher la France et l'Europe de la Russie : il convie notamment Vladimir Poutine au fort de Brégançon en marge du sommet du G7 de 2019, et défend la réintégration de la Russie au sein du Conseil de l'Europe373,374,375. En août 2019, il déclare que sa volonté de rapprochement avec la Russie suscite l’opposition des « États profonds de part et d’autre, à Paris comme à Moscou ». Dans L'OpinionJean-Dominique Merchet confirme que « la politique de l’Élysée se heurte à de fortes résistances au sein de l’appareil d’État », notamment de la part de diplomates « fidèles à la pensée de la spécialiste des affaires stratégiques Thérèse Delpech », qui « occupent aujourd’hui des postes clés au ministère des Affaires étrangères et à celui des Armées »376.

 

Ayant échoué à rapprocher les États-Unis de l'Iran en 2019315, Emmanuel Macron cherche à renforcer les liens avec Vladimir Poutine pour tenter d'apaiser les conflits aux abords de la Russie et au Moyen-Orient377

 

Afrique

 

Un mitrailleur de l’ALAT avec le badge de l'opération Barkhane.

 

Emmanuel Macron porte une attention importante au continent africain. Il prononce en 2017 un discours-programme et échange avec les étudiants de l'université de Ouagadougou46. Il y promettait notamment de créer les conditions de retour en Afrique d’œuvres appropriées pendant la période coloniale. Après la remise d'un rapport sur la question en novembre 2018, il confirme vouloir s'engager dans cette voie378. En revanche, l'annonce d'une très forte en 2019 des frais d’inscription à l'université pour les étudiants étrangers est perçue de manière négative par la jeunesse africaine379.

 

La France cherche à renouer des liens avec le Rwanda et soutient l'élection de Louise Mushikiwabo à la tête de l'Organisation internationale de la francophonie380. L'année est celle d'une forte crise diplomatique avec les Comores, concomitante avec un mouvement social à Mayotte381.

 

La France poursuit l'opération Barkhane de lutte contre les forces djihadistes au Sahel lancée avant 2017. Toutefois, le G5 Sahel tarde à se structurer382, les attaques s'étendent au Mali comme au Burkina Faso, conduisant à des morts civiles et de soldats français. Barkhane est contestée par les populations locales, ce qui conduit Emmanuel Macron à exiger un soutien politique des états sahéliens à cette opération383. Les orientations militaires relèguent au second plan la recherche de solutions diplomatiques et les lacunes de gestion intérieure et d'autorité du président malien Ibrahim Boubacar Keïta384.

 

En juillet 2020, Emmanuel Macron confie à l’historien Benjamin Stora une mission sur « la mémoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie », en vue de favoriser « la réconciliation entre les peuples français et algérien » dans une démarche parallèle à celle du président algérien, Abdelmadjid Tebboune, qui nomme le docteur Abdelmadjid Chikhi, directeur général du Centre national des archives algériennes, pour mener un travail de « vérité » sur les questions mémorielles entre les deux pays dans une démarche visant à surmonter les conséquences de la guerre d'Algérie 385.

 

Emmanuel Macron annonce en décembre 2019, en Côte d'Ivoire, l'abandon du franc CFA, qui doit être remplacé en 2020 par une monnaie dans la zone CEDEAO l'eco. Si ses réserves de change seraient intégralement localisées sur le continent africain, l'eco conserverait une parité de change avec l'euro386,387. Le 20 mai 2020, le Conseil des ministres examine un projet de loi qui lèverait l’obligation pour la BCEAO de déposer la moitié de ses réserves de change auprès du Trésor Public et le retrait de la France des instances de gouvernance liée au franc CFA388.

 

Déplacements à l’étranger

 

 

Carte des voyages à l’étranger d'Emmanuel Macron en tant que président de la République française :
  • 1 visite
  • 2 visites
  • 3 visites
  • France et Andorre

 

Emmanuel Macron effectue, durant les premières semaines de sa présidence, plusieurs déplacements, rencontres et conférences à l'international : rencontre avec Angela Merkel à Berlin389sommet de l'OTAN, où il a son premier tête-à-tête avec Donald Trump390, sommet du G7391, rencontre à Versailles avec le président russe, Vladimir Poutine392. Il répond à Donald Trump après l'annonce de la sortie des États-Unis de l'accord de Paris sur le climat ; dans sa réponse, prononcée en français puis en anglais, il conclut en paraphrasant le président américain en déclarant « Make our planet great again »393.

 

Pour son premier déplacement international, le 15 mai 2017, le président Emmanuel Macron se rend à Berlin pour rencontrer Angela Merkel. Il s'agit pour lui de discuter avec la leader allemande d'une inflexion de la politique commune vers plus d'investissement et une politique de relance de l'activité. Si la chancelière a expliqué qu'il est possible de modifier les traités, elle n'a ni approuvé, ni rejeté les ambitions politiques européennes du président français394. Cette réserve sur les possibilités de modification des traités s'explique par la méfiance d'un nouveau non par référendum en France et par la situation politique intérieure en Allemagne, où la population est hostile à tout ce qui pourrait ressembler à une volonté de faire payer le pays pour le reste de l'Europe. Désireux de donner un nouvel élan au couple franco-allemand, les deux chefs d'État décident de réunir un conseil des ministres commun au début de juillet, au cours duquel les questions des travailleurs détachés, du droit d'asile en Europe, ou de la réciprocité dans les échanges économiques mondiaux seront mises sur la table395.

 

En janvier 2018, le président Macron effectue son premier séjour en Chine. En rupture avec la présidence Hollande, il souhaite établir une relation de long terme avec le partenaire chinois et prévoit d'y retourner chaque année. Ses principaux objectifs sont de rétablir l'équilibre de la balance commerciale en renforçant les exportations, et de rétablir la balance des investissements en définissant des secteurs dans lesquels les Chinois pourront investir en France396.

 

 

 

Popularité

 

Évolution de la courbe de popularité d'Emmanuel Macron depuis son élection.

 

Emmanuel Macron démarre son mandat avec une cote de popularité confortable, autour de 60%. Cependant, au bout de quatre mois elle tombe à 40 %, ce qui est inférieur à tous ses prédécesseurs à la même date412. En décembre 2017, Paris Match évoque un président « plutôt du genre bavard, avec une prédilection pour les grands discours (nous en comptons 64, longs pour la plupart, depuis son élection). En revanche, il n'aime guère les entretiens dans les médias, à qui il n'a accordé qu'une vingtaine d'interviews »413. Emmanuel Macron réussit cependant à stopper sa baisse dès septembre 2017 pour remonter de 5 points de jugements favorables en trois mois en faisant appliquer ses engagements de campagne, bien que certaines mesures comme la baisse des APL soient contestées414.

 

En juin 2018, le sondage IFOP du JDD le voit retomber à 40% de satisfaits, son point bas d'août 2017, même si François Hollande n’en comptait que 26 %, et Nicolas Sarkozy 36 % à ce point de leurs mandats. Le taux de mécontents de son action atteint un nouveau record personnel à 58 %, avec un décrochage en particulier chez les retraités de par la hausse de la CSG et des polémiques sur son comportement415. Malgré le titre mondial de l'équipe de France de football, l'affaire Benalla lui faire perdre encore un point à 39 % d'opinions favorables, avec un taux encore plus faible sur les échantillons interrogés en fin de mois, en particulier dans l'électorat centriste77. Après avoir déjà perdu 5 points dans le sondage Ifop au mois d'août (34 %), il chute à 29 % de satisfaits en septembre 2018 étant critiqué sur « le pouvoir d'achat, le sort réservé aux retraités et le désintérêt pour l'environnement » dans la foulée de la démission de Nicolas Hulot416. Sa popularité souffre également de l'usage spontané d'expressions qui passent pour arrogantes ou traduisant un mépris de classe : « On met un pognon de dingue dans les minimas sociaux », sa qualification des Français comme des « Gaulois réfractaires au changement », ou sa réponse à une personne en recherche d'emploi : « Je traverse la rue, je vous en trouve »417,418. Après sa réponse négative au mouvement des Gilets jaunes mi-décembre, il chute à 23 % d'opinions favorables, un point de plus que François Hollande à la même période de son mandat, avec 15 points de perdus auprès des commerçants, artisans et chefs d'entreprise419. À partir de janvier 2019, après l'annonce du grand débat national, sa popularité se redresse pour la première fois depuis avril 2018420 puis se stabilise ou baisse à nouveau à la mi-2019421,422. En août 2019, l’Ifop indique qu’il retrouve le niveau qu'il avait un an plus tôt, avec 34 % d'opinions positives423.

 

Bilan  ?

 

Emplois et chômage

 

 

Évolution des créations d'emplois (échelle de gauche) et de l'emploi total (échelle de droite) durant le quinquennat d'Emmanuel Macron (2017-T2 - 2022-T2) (source : Enquête "Emploi salarié par secteurs", 08-12-2020, INSEE)

 

Les créations d'emplois poursuivent la dynamique enclenchée à la fin de la présidence de François Hollande424. La guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine et le ralentissement économique conjoncturel de l'Allemagne réduisent la croissance en 2018425. La crise économique due à la crise sanitaire de la Covid-19 détruit plus de 600 000 emplois. 400 000 sont recréés durant le troisième trimestre de l'année 2020426. Le mécanisme de chômage partiel permet de limiter la destruction d'emplois427.

 

Finances publiques

 

Le déficit stagne entre 2017 et 2019 (-2,9% à -3%), après une réduction en 2018 (-2,3%)428. Cela est dû à un rythme d’accroissement de la dépense publique supérieur à celui des recettes, malgré une réduction d'un point des dépenses publiques en part du PIB428.

 

La crise économique liée à la crise de la Covid-19 réduit les ressources fiscales de l’État. Les politiques budgétaires (dont le plan Plan France Relance) creusent également le déficit dans un premier temps. Cela porte la dette de l’État à plus de 117

 

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
La création de l'univers à nos jours
  • Il est intéressant de connaître l'évolution de notre monde, et combien de temps peut-il encore nous supporter, nous devenons de plus en plus nombreux sur cette terre, peut-être seront-nous obligé un jour de la quitter...
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
Publicité